L'Autorité de la concurrence a recommandé jeudi d'élargir la vente de médicaments sans ordonnance aux parapharmacies et à la grande distribution et d'ouvrir le capital des pharmacies, tout en entourant ses propositions de garde-fous pour « garantir les impératifs de santé publique ».
L'Autorité a réaffirmé, dans son avis, la « pleine justification du monopole pharmaceutique », tout en prônant son « assouplissement partiel et strictement encadré » pour faire baisser les prix de certains produits de santé et améliorer leur accès. Ainsi, seules certaines catégories de produits de santé (médicaments vendus sans ordonnance, autotests de dépistage du VIH et lecteurs de glycémie, etc.) pourraient être vendues dans des espaces dédiés au sein de supermarchés, avec la présence « obligatoire et continue d'un pharmacien » responsable, selon l'Autorité.
Concurrence et ouverture du capital
L'installation de ces nouveaux lieux de dispensation devrait aussi être encadrée par les autorités pour ne pas affaiblir le maillage territorial des pharmacies, l'une des craintes majeures des syndicats du secteur. « Ne pas fragiliser une officine en situation délicate pourrait être un motif de refus tout à fait légitime » à l'installation d'un espace concurrent dans un supermarché voisin, a estimé devant la presse Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité.
L'institution a également plaidé pour une ouverture du capital des officines. Car le cadre légal actuel, empêchant notamment un pharmacien de détenir plus d'une officine, « bride » selon elle le développement des nouvelles missions des pharmaciens (télémédecine, télédiagnostic), qui sont pourtant des relais de croissance.
Des évolutions récentes autorisent des participations minoritaires de pharmaciens dans un nombre limité d'autres pharmacies, mais « ces règles restent contraignantes et limitent la capacité des officines d'accéder à des sources de financement », pointe l'Autorité. Sur ce point sensible qui hérisse les syndicats du secteur, l'Autorité s'est contenté de formuler quatre modèles gradués d'ouverture du capital à l'appréciation du gouvernement et des professionnels.
Même en ouvrant la porte à des investisseurs externes minoritaires ou majoritaires, il conviendrait d'avoir des « conditions strictes d'ordre déontologique » pour maintenir le monopole d'exercice du pharmacien, ainsi que des règles pour éviter des conflits d'intérêts. « Un laboratoire pharmaceutique par exemple ne pourrait pas entrer au capital », juge Isabelle de Silva.
L'Autorité de la concurrence a enfin recommandé de clarifier l'encadrement de la publicité sur les prix de produits de parapharmacie, règles actuellement très restrictives pour les officines, et d'assouplir les modalités de vente en ligne des médicaments sans ordonnance par les pharmacies, un mode de distribution encore très marginal en France bien qu'autorisé depuis fin 2012.
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