Édito

Lampistes

Publié le 12/10/2018

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Les attaques contre les généralistes sont devenues routinières. Au point que les charges des derniers jours en sont presque passées inaperçues. Après avoir prôné, ces dernières années, la fin de la liberté d’installation ou le retour aux gardes obligatoires, la Cour des comptes a une nouvelle fois ciblé les médecins libéraux. Les Sages réclament la mise en place d’un mécanisme de régulation pour empêcher le dérapage des dépenses des soins de ville. En bloquant le versement des forfaits, en passant des accords prix-volumes ou en gelant les revalorisations tarifaires si nécessaire... rien que ça.
Ces dernières semaines, les pouvoirs publics ont pointé du doigt les généralistes pour leur reprocher l’envolée des arrêts de travail. L’Assurance maladie met aussi la pression sur la profession. À Saint-Brieuc, des médecins se sont émus des contrôles des prescriptions devenus récurrents, même si la CPAM des Côtes-d’Armor se réfugie derrière le paravent des entretiens confraternels. La judiciarisation continue de toucher chaque année fortement la médecine générale. Selon les statistiques de la MACSF divulguées mercredi, près d’un médecin de famille sur cent a été mis en cause en 2017 (lire p. 17).
La société veut faire porter toujours plus de chapeaux aux généralistes, comme en témoigne le tout dernier épisode judiciaire. Après la dramatique collision d’un bus et d’un train à Millas ayant entraîné la mort de six collégiens, il y a près d’un an, une avocate des familles des victimes met ouvertement en cause les médecins de la conductrice de bus. Le généraliste prescripteur des somnifères et le médecin du travail l’ayant déclaré apte au travail sont d’après elle les « premiers responsables » de la tragédie. Une batterie d’expertises médicales a été ordonnée par le juge d’instruction. Elle pourrait aboutir, si les effets du médicament sur le comportement de la conductrice sont avérés, à la mise en examen des praticiens cités...
Les médecins généralistes ne seraient-ils pas en train de devenir les lampistes des temps modernes ?

Christophe Gattuso, directeur de la rédaction