Un travail fondamental dans la SEP

L’acétate de glatiramère contribue à la réparation cellulaire

Publié le 06/10/2009
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L’ACÉTATE de glatiramère (AG) est prescrit dans la sclérose en plaques, dans les formes de type récurrente/rémittente (avec au moins deux poussées récurrentes de troubles neurologiques au cours des deux années précédentes.)

Une étude concernant ce produit est publiée dans les « Proceedings » de l’Académie des sciences américaine. Viktor Skihar et coll. (Canada) déterminent que ce produit « favorise l’oligodendrocytogenèse et les indices de remyélinisation chez les souris qui ont eu une démyélinisation par lysolécithine », un modèle animal utilisé pour l’étude des traitements de la SEP.

La démonstration de la capacité d’injections d’acétate de glatiramère à aider la myélinisation sur ce modèle non inflammatoire est en faveur d’un effet direct, ne passant pas par une réduction de l’inflammation, qui est l’un des principaux phénomènes physiopathologiques mis en cause dans la SEP.

Les données recueillies « suggèrent aussi que les bénéfices à long terme observés chez les patients sous traitement par l’AG sont pour une part dus à une remyélinisation, ce qui mérite des évaluations plus poussées ».

La formation d’oligodendrocytes et de myéline est régulée par des facteurs neurotrophiques. Skihar et coll. ont testé l’hypothèse que l’AG pourrait réguler l’oligodendrocytogénèse et la formation de myéline, en s’appuyant sur deux notions. D’abord sur le fait que l’AG induit des lymphocytes Th2 réactifs qui ne sont pas nocifs, et ensuite sachant que les Th2 sont une source de facteurs neurotrophiques, ces derniers exerçant une de la régulation essentielle pour la production d’oligodendrocytes et de myéline.

Les auteurs ont commencé leur démonstration par des essais in vitro. Ils ont d’abord fait générer des lymphocytes Th2 réactifs d’acétate de glatiramère. Il est alors apparu que ces cellules produisent des transcrits pour des facteurs neurotrophiques et notamment pour de l’IGF-1 (Insuline-like Growth Factor). L’essai a ensuite porté sur des cultures de cellules cérébrales frontales embryonnaires. Le milieu de conditionnement des Th2 activés par l’acétate de glatiramère fait produire à ces cellules de l’IGF-1 et favorise la formation de précurseurs cellulaires d’oligodendrocytes.

Remyélinisation.

Le travail s’est poursuivi sur un modèle de souris chez qui on provoque une démyélinisation au niveau de la moelle épinière par lysolécithine.

Sept jours après la survenue de la lésion, le nombre des précurseurs cellulaires des oligodendrocytes dans la moelle démyélinisée est supérieur chez les souris traitées comparativement aux souris témoins. Le nombre de ces cellules s’accroît avec les injections quotidiennes d’acétate de glatiramère.

L’augmentation des précurseurs des oligodendrocytes s’est momentanément accompagnée d’une élévation de l’IGF-1 ainsi que du BDNF (brain derived neurotrophic factor), un autre facteur neurotrophique.

Finalement, la remyélinisation à 28 jours est plus importante chez les souris qui ont été traitées avec l’acétate de glatiramère au cours des 7 jours qui ont suivi la lésion, comparativement aux témoins non traités.

Proc Natl Acad Sci, édition en ligne avancée.

Dr BÉATRICE VUAILLE
SEP

Source : lequotidiendumedecin.fr