Pratique des IVG

La voie médicamenteuse possible jusqu'à 14 SA

Par
Publié le 06/07/2017
Article réservé aux abonnés

« Des expériences françaises, effectuées dans des hôpitaux en Alsace et en Vendée, montrent que l'interruption volontaire de grossesseune (IVG) médicamenteuse est tout à fait possible, dans des conditions satisfaisantes, jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée. C'est ce que nous avons souhaité faire savoir aux gynécologues et obstétriciens de France par le biais de nos recommandations publiées à la fin de l'année 2016, souligne le Pr Agostini, président du Comité d'organisation pour l'élaboration de ces recommandations (1) au Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

D'après la Haute Autorité de santé, la prise en charge de l'IVG médicamenteuse doit s'effectuer soit en établissement de santé (avec ou sans hospitalisation) jusqu’à 9 semaines d'aménorrhée (SA), soit par des médecins de ville ou de centres de planification et d’éducation familiale jusqu’à 7 SA. La méthode repose en France sur l'association de l'antiprogestérone mifépristone et d’une prostaglandine (misoprostol ou géméprost) et elle est possible dans l'AMM jusqu’à 9 SA.

Or elle pourrait être effectuée plus tard. La volonté de l'équipe médicale et la motivation des patientes est néanmoins indispensable pour la réalisation d'une IVG médicamenteuse à ce stade. Cela suppose de bien informer les patientes sur son organisation particulière. « L'expulsion est beaucoup plus longue à 14 SA. La prise en charge de la douleur doit également être adaptée », indique le Pr Agostini.

Des posologies spécifiques

D'après les recommandations publiées, dans le cadre d'une IVG médicamenteuse entre 9 et 12 SA, la prise de mifépristone par voie orale doit être suivie 24 à 48 heures plus tard de la prise de 800 μg de misoprostol par voie vaginale, buccale ou sublinguale. Les doses suivantes de misoprostol (jusqu’à 5 doses supplémentaires) doivent être de 400 μg, administrées toutes les 3 heures par voie vaginale, buccale ou sublinguale, jusqu’à l’expulsion.

Après 12 SA, la prise de mifépristone par voie orale doit être suivie 24 à 48 heures plus tard par des doses répétées de misoprostol. La dose initiale de misoprostol est de 800 μg par voie vaginale. Si nécessaire, les doses suivantes de misoprostol (jusqu’à̀ 5 doses supplémentaires) doivent être de 400 μg, administrées toutes les 3 heures par voie vaginale, buccale ou sublinguale jusqu’à l’expulsion.

« Entre 9 et 14 SA, les méthodes instrumentale et médicamenteuse devraient pouvoir être proposées en France. Les femmes doivent être informées des avantages et des inconvénients de chacune des méthodes en fonction du terme et des effets secondaires afin de faire un choix en fonction de leur situation personnelle et de leur ressenti par rapport à la technique », affirme le Pr Agostini.

D'après un entretien avec le Pr Aubert Agostini, Marseille
(1) J Gynecol obst. Décembre 2016(45):1458. Recommandations pour la pratique clinique : l'interruption volontaire de grossesse

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Bilan Spécialiste