P REMIERE cause de mortalité par maladie bactérienne dans le monde, chez l'adulte comme chez l'enfant, la tuberculose est responsable de près de 3 millions de morts par an, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires.
Un tiers de la population mondiale est contaminée par le bacille de Koch, au rythme d'une personne chaque seconde, et de 5 à 10 % des personnes infectées développent la maladie ou deviennent contagieuses au cours de leur vie. Le nombre de nouveaux cas en 1999 est estimé à 8,4 millions, contre 8 millions en 1997. Une progression que l'on doit principalement à l'augmentation de l'incidence de la maladie (+ 20 %) dans les pays africains.
Si la tendance actuelle persiste, il y aura 10,2 millions de nouveaux cas de tuberculose en 2005, en Afrique notamment. En effet, plus de 95 % des personnes atteintes vivent dans les pays en développement.
Néanmoins, la tuberculose demeure un grave problème pour certaines populations des pays développés. On a observé un arrêt de la régression régulière de l'incidence de la maladie, dans les pays développés, au début des années quatre-vingt-dix. A partir de 1995, le taux d'incidence a de nouveau diminué en France. Mais le nombre de cas déclarés reste le plus élevé parmi les maladies à déclaration obligatoire, relève l'Institut de veille sanitaire (InVS) (1).
L'incidence de la tuberculose en France est passée de 60 cas pour 100 000 habitants en 1972 à 16 cas pour 100 000 au début des années quatre-vingt-dix, soit une diminution régulière de 7,4 % par an. Elle est ensuite restée stable pendant quelques années pour recommencer à baisser à un rythme de 4 % par an depuis 1994. En 1998 et 1999, l'incidence des cas déclarés en France métropolitaine a été respectivement de 11,1 et 11,2 cas pour 100 000 habitants, soit un total de 6 475 et 6 508 cas. En 1996 et 1997, les données correspondantes étaient respectivement de 13,2 et 11,4 cas pour 100 000 habitants, soit un total de 7 432 et 6 683 cas. La tuberculose est responsable de 900 décès chaque année en France.
La maladie est beaucoup plus présente dans certaines régions ou départements de France et au sein de certaines populations. L'Ile-de-France a un taux d'incidence deux fois supérieur à la moyenne nationale (26,4 cas pour 100 000 habitants). Avec 49 cas pour 100 000 habitants, l'incidence, à Paris, a été quatre fois et demie supérieure à la moyenne nationale.
Une hausse due à plusieurs facteurs
Comme la plupart des mégapoles des pays industrialisés, Paris concentre à la fois un grand nombre de cas d'infection à VIH, de nombreux immigrants en provenance de pays à forte prévalence tuberculeuse, de nombreux SDF (sans domicile fixe) et une défaillance du réseau de lutte antituberculeuse.
En 1999, l'incidence de la tuberculose est de 46 pour 100 000 habitants chez les immigrants et de 200 à 300 pour 100 000 chez les SDF, dont le nombre est estimé à 30 000 pour la seule ville de Paris.
Selon l'OMS, l'augmentation de l'incidence de la tuberculose est due à plusieurs facteurs : infection à VIH, développement de résistances aux traitements standards, migration de populations venant de pays à forte endémie tuberculeuse, augmentation de la précarité, etc. Le dépistage du VIH dans plusieurs pays en développement a montré que jusqu'à 70 % des cas de tuberculose à frottis positifs sont aussi infectés par le VIH, souligne l'ONUSIDA. En France métropolitaine, la proportion de sujets infectés par le VIH parmi l'ensemble des cas de tuberculose est de 3,9 %. Elle était de 10 % en 1995.
La stratégie DOTS
Cette année, la Journée mondiale de la tuberculose porte en priorité sur les liens entre la tuberculose et les droits de l'homme. Elle insiste par ailleurs sur « le besoin urgent de déployer plus largement la stratégie DOTS, afin de rendre accessible la guérison au plus grand nombre », explique l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. La stratégie de traitement de la tuberculose dite DOTS (Directly Observed Therapy Short-Course ou traitement de courte durée sous surveillance directe) a été adoptée en 1994 par l'OMS. Elle repose sur le traitement de la tuberculose en six mois avec une prise observée des antibiotiques.
Elle exige aussi l'engagement des gouvernements à financer et appliquer un programme national antituberculeux, la confirmation microscopique du diagnostic de la tuberculose pulmonaire, la gratuité complète des moyens de diagnostic et de traitement et l'évaluation régulière du programme. Selon l'OMS, la stratégie DOTS est appliquée au moins partiellement dans 128 pays sur 211. En 1999, environ un quart (24 %) des nouveaux cas de tuberculose pulmonaire avec présence de bacilles tuberculeux à l'examen microscopique des crachats étaient sous stratégie DOTS, contre 22 % en 1998. Chez eux, le taux de guérison a été de 82 %, alors qu'il n'a pas atteint 50 % chez ceux qui n'ont pas bénéficié de cette stratégie.
Des dépliants
« La tuberculose, il faut encore y penser », rappelle, pour sa part, le Comité national contre les maladies respiratoires (CNMR), qui lance une grande campagne d'information sur la maladie à l'occasion de la Journée mondiale de la tuberculose. Plusieurs dizaines de milliers de dépliants seront distribués via le réseau des comités départementaux contre les maladies respiratoires, les directions départementales des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) et les caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM). Un ouvrage, « La tuberculose, parcours imagé », retraçant toute l'histoire de la maladie est encore édité par le CNMR (2). Les bénéfices de la vente seront intégralement reversés à la lutte contre les maladies respiratoires en France.
1. « Les cas de tuberculose déclarés en France en 1998 et 1999 », étude de l'InVS publié par le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH), le 6 mars 2001.
2. « La tuberculose, parcours imagé », CNMR, 66, bd Saint-Michel,75006 Paris, tél. 01.46.34.58.8, e-mail cnmrt@magic.fr
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