Lorsqu’on se trouve dans un cabinet dentaire. On a beau savoir que la peur n’est pas fondée, cela ne réduit en rien la réaction. L’idée même de prendre rendez-vous chez un dentiste suffit à déclencher une véritable crise associant palpitations, tremblements, nausées, voire vomissement, transpiration, bouche sèche ou quelque fois hypersialie, changement du comportement quelque fois agressif. On peut décrire 4 stades de stomatophobie selon l’intensité et l’ancienneté du trouble.
Stade1
Les patients (plus d’hommes que de femmes) ont déserté depuis fort longtemps les cabinets dentaires.
L’odeur du cabinet dentaire, le mauvais goût des produits dentaires ; le bruit de la turbine, la vue de la seringue, la peur de vomir (émétophobie) entraînent un enfer émotionnel.
Ils préfèrent s’automédiquer, supporter la douleur, éviter de sourire, plutôt que de franchir la porte du cabinet dentaire.
Il ne faut pas confondre la simple appréhension des soins dentaires avec la stomatophobie.
Ces patients restent prisonniers de leur secret, conscients de l’absurdité de leur phobie, ils la dissimilent de peur d’être taxé de faiblesse, peur d’être jugé par autrui et mal jugé. On entend souvent, » vous allez être choqué de mon état, vous allez me gronder. » La stomatophobie est toujours cachée car culpabilisée.
À ce stade, 20 à 30 % des patients, en fonction de l’ancienneté de la phobie, peuvent être soignés sous anesthésie locale, par relaxation, éventuellement hypnose suggestion ou MEOPA (mélange équimolaire oxygène/protoxyde d’azote utilisé au masque).
Stade 2
Le patient stomatophobique est accompagné par un membre de sa famille ; enfant, conjoint ou ami intime qui compatit à sa souffrance. À l’émetophobie s’associent la phobie du sang, l’agoraphobie, la phobie sociale, voire des troubles obsessionnels compulsifs. Ces poly phobies empoisonnent leur vie et celles de leur entourage.
Un sentiment de honte impose une consultation spécialisée en dehors de la présence de l’assistante.
Le traitement sous anesthésie générale est souvent la solution.
Stade 3
État d’abandon buccal avec fractures dentaires, abcès, chicot, dégradation de la santé bucco-dentaire et générale, avec des conséquences sur la vie affective et sociale flagrantes.
Une réhabilitation sous anesthésie générale en 48 heures en clinique spécialisée permet la mise en place d’une prothèse immédiate, des extractions multiples, des soins parodontaux, des traitements conservateurs, tout ce qui est perçu comme douloureux sera fait dans la même séance.
Stade 4
Il existe quelques rares cas avec impossibilité de traitement, soit à cause d’une contre-indication à l’anesthésie générale, soit que l’association à une maladie psychiatrique ou autres empêche un suivi postopératoire.
Pour éviter ces cas extrêmes, le rôle de la prévention est essentiel dès le plus jeune âge ainsi que la formation des praticiens aux problèmes de la douleur.et a la stomatophobie.
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