C ONSACRÉ par l'ONU Journée mondiale de l'eau, le jeudi 22 mars sera l'occasion pour les états d'organiser différentes actions de sensibilisation sur le thème de la conservation et de la mise en valeur des ressources en eau.
« Pour promouvoir la conservation et la gestion durable des ressources en eau, il faut sensibiliser l'opinion publique aux niveaux local, régional et international », indique un communiqué de l'ONU. On estime à 2,5 litres par personne et par jour la quantité d'eau nécessaire pour satisfaire les exigences strictement métaboliques. Or, commente l'association humanitaire Plan international France, 1,1 milliard de personnes dans le monde manquent d'eau potable. En 1998, cette association a construit, en Afrique, en Amérique et en Asie, plus de 49 000 latrines et toilettes, connecté plus de 28 100 habitations à un système d'évacuation des eaux. Grâce au parrainage d'enfants, elle a également foré plus de 2 600 puits, construit 536 systèmes d'alimentation d'eau potable.
Loin d'être confrontés à une telle pénurie, les Français ne font qu'une utilisation assez modérée de l'eau potable et lui préfèrent, en grande partie, les eaux minérales. Le Centre d'information sur l'eau* a conçu une exposition et une brochure, intitulées « Eau, forme et santé », qui permettent d'aborder les questions sur le rôle de l'eau dans la santé, l'alimentation, l'hygiène et les questions liées à la sécurité alimentaire de l'eau de boisson. Mise à la disposition des collectivités locales, des écoles et des associations qui veulent informer un large public, cette information a été réalisée avec la collaboration des spécialistes scientifiques et médicaux du réseau MEDIC'eau, qui regroupe professionnels de santé, chercheurs et hospitaliers de diverses spécialités, sous la responsabilité du Dr Jacques Fiorentino.
Vive l'eau du robinet !
Consultant en nutrition et pédiatre de formation, le Dr Jacques Fiorentino constate souvent, dans sa pratique, une méconnaissance des bienfaits de l'eau potable. « Il y a tout d'abord une incompréhension physiologique. Lorsque l'on dit que le corps d'un adulte est constitué à 60 % d'eau, cela provoque toujours un vif étonnement. La connaissance du rôle de l'eau dans l'ensemble du métabolisme humain est insuffisante », explique-t-il au « Quotidien ». Ce sont les personnes âgées et les enfants qui sont les moins conscients de ces bienfaits. Les premiers parce qu'ils perdent le sens de la soif, et les seconds parce qu'ils préfèrent les boissons sucrées.
Selon le Dr Fiorentino, l'eau potable fait également les frais des peurs alimentaires actuelles. « Il y a un contraste saisissant, explique ce dernier, entre le fait que l'on ne supporte pas le calcaire contenu dans l'eau du robinet alors que l'on achète, à un prix bien plus élevé, des eaux minérales réputées riches en calcaire. En fait, on voudrait que l'eau soit une espèce de non-produit avec zéro défaut. Le cahier des charges de l'eau est extrêmement élevé. Il y a une grande part fantasmatique. » D'autant que, pour un litre par jour, l'eau du robinet fournit en fait de 15 à 25 % des besoins quotidiens en calcium. De plus, l'eau est un des « produits les plus traçables », rappelle le Dr Fiorentino. Analysée avant pompage, traitée et contrôlée à chaque étape, l'eau du robinet est, en France, conforme à des normes établies à partir d'une directive européenne par le ministère de la Santé et le Conseil supérieur d'hygiène publique. Remises à jour pour tenir compte de l'évolution des connaissances scientifiques et médicales, elles devront être généralisées à tous les pays de l'Union européenne à partir du 25 décembre 2003.
« Il est vrai que la composition de l'eau du robinet n'est pas indiquée sur le robinet lui-même. Mais il faut rappeler que les indicateurs de veille concernant la qualité de l'eau sont très efficaces, ajoute le Dr Fiorentino. En outre, il est nécessaire de relativiser les problèmes. Le saturnisme hydraulique est bien inférieur à celui qui est dû aux peintures des habitations, par exemple. »
Souvent incriminée dans les problèmes infectieux, l'eau en est pourtant moins responsable que le manque d'hygiène. « On oublie l'importance des règles d'hygiène élémentaires comme de se laver les mains, relève le Dr Fiorentino. Une étude américaine a montré qu'un groupe d'élèves incités à se laver les mains 4 fois par jour connaissait pendant l'expérience 51 % d'absentéisme en moins pour troubles digestifs et 24 % pour troubles respiratoires. »
Le Centre d'information sur l'eau a par ailleurs édité, à l'attention des médecins, une dizaine de brochures thématiques sur l'eau, pour les aider à inciter leurs patients à boire de l'eau du robinet.
* Centre d'information sur l'eau. Tél : 01.42.56.20.00. Internet : www.cieau.com.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature