L ES facteurs génétiques en jeu dans les résistances médicamenteuses ne sont pas les mêmes dans toutes les populations. « Pour avancer sur ce sujet, mon équipe s'est intéressée à une mutation qui affecte la production de glycoprotéine P ou PGP, une pompe moléculaire dont le rôle consiste à faire sortir les drogues de la cellule », a expliqué Howard L. Mc Leod, chercheur anglais intégré dans une unité multinationale à Saint Louis, aux Etats-Unis.
En cas de bon fonctionnement, la PGP expulse les molécules antimitotiques à l'extérieur des tumeurs permettant aux cellules cancéreuses de survivre. Ce mécanisme est un facteur de résistance aux chimiothérapies. Quand la mutation génique se produit, la pompe cesse de fonctionner et les antimitotiques pénètrent à l'intérieur de la cellule rendant la chimiothérapie efficace.
Dix origines ethniques différentes
H. Mc Leod a évalué la prévalence de la mutation auprès de 1 280 personnes de dix origines ethniques différentes (Guinéens, Asiatiques du Sud-Ouest, Noirs américains, Anglais caucasiens, Arabes, Portugais, Chinois, Kenyans, Soudanais et Philippins). La prévalence de la mutation était significativement moins fréquente chez les descendants d'Africains que chez les Caucasiens et les populations asiatiques. D'où une plus grande expression de la GPG et un plus haut niveau de résistance aux chimiothérapies chez les sujets d'ethnie noire. « Sachant que la GPG entre aussi en jeu pour expulser les inhibiteurs de protéases du VIH, certains antihypertenseurs et des protecteurs rénaux utilisés après transplantation rénale, les cliniciens vont maintenant avoir des outils supplémentaires pour individualiser les traitements. On peut aussi imaginer administrer des inhibiteurs de pompe aux personnes d'ethnie noire qui surexpriment la PGP.»
25e Réunion annuelle de l'Association américaine pour la recherche sur le cancer, La Nouvelle-Orléans.
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