Le Généraliste – Quel est l’avenir de la Carmf avec le projet de réforme du gouvernement pour aboutir à un régime unique de retraite ?
Dr Thierry Lardenois – Cette réforme prévoit la fin de la CARMF. Tous les messages qui nous ont été envoyés jusqu’à présent par les pouvoirs publics prévoient que tous les cotisants jusqu’à 3 fois le plafond de la Sécurité sociale, grosso modo 120 000 euros, seront inclus dans un régime universel unique de retraite.
A quelle échéance ?
Nous manquons d’informations précises et d’engagements. Le calendrier envisagé était que la loi soit présentée à l’Assemblée en mars-avril 2019, votée dans la session d’août 2019 pour être applicable cinq ans plus tard, le temps d’organiser la fin des caisses.
Acceptez-vous cette réforme et la disparition de la CARMF ?
Le problème est plus vaste que cela. Cette réforme, telle qu’elle est bâtie actuellement, à 3P sera une catastrophe. C’est un tour de passe passe de l’Etat pour assimiler tous les régimes spéciaux et les régimes de fonctionnaires dans un régime unique. Passer ces deux à trois millions de personnes là dans un régime unique, cela signifie mettre la charge de leur dette sur les 16 millions de retraités. Ce tour de passe se traduira par une hausse des cotisations avec certitude par une baisse de la valeur du point.
Vous êtes donc opposé à cette réforme ?
Non, nous n'y sommes pas hostiles. Une réforme intelligente, viable, constructive, qui permette à tous les Français de partir à la retraite dans la dignité est possible et gérable jusqu’à un P, un plafond de la Sécurité sociale, soit environ 39000 euros. Nous l’avons proposé mais jusqu’à présent, cela a été écarté. Or, un plafond à 39 000 euros, cela englobe tout de même la réforme de 83 % des Français. Les autres garderaient leur régime complémentaire. Aujourd’hui 83% des Français financent la retraite des 17% des autres qui ont un revenu supérieur à un P. Je cherche la justice dans cette mesure.
Quelles sont les prochaines étapes de cette réforme de grande ampleur ?
Passer de 42 régimes de retraite totalement disparates à un seul en points avec une cotisation unique et une prestation équivalente, c’est un monstre à mettre en place. Les régimes qui doivent être mélangés n’ont rien à voir ! Certains sont en points, d’autres en annuités et d’autres encore en compensation. Avant de vouloir mettre en place un régime unique, il faudrait déjà mettre les 42 régimes d’équerre. A la Carmf, nous sommes sereins par rapport à cette réforme car notre régime répond à tous les critères du régime universel : il est en points, avec un rendement à 5 %, un âge de la retraite à 62 ans…
Quel est selon vous le principal danger de cette réforme ?
Aujourd’hui, l’argent qui sert à payer les retraites est pris en partie dans les cotisations et en partie dans les réserves. Demain, si nous n’avons plus accès aux cotisations, qui va financer la retraite des anciens ? Le régime universel, évidemment. Il faut arrêter de dire aux gens que pour eux rien ne va changer. Les choses changeront pour tout le monde. Il n’est pas possible qu’il en soit autrement.
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