La prévention des conflits d'intérêts demeure « timide » dans les CHU

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Publié le 08/04/2019
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Après avoir sorti en début d’année la deuxième édition de son classement de l’indépendance des facs de médecine, l’association Formindep fait de même mais avec les CHU cette fois-ci. Et comme pour les facultés, les efforts sont pour l’instant « rares et timides ». L’association pour une formation médicale indépendante a recensé les politiques de prévention des conflits d’intérêts des 32 CHU. Elle observe que ces « lieux de recherche, d’enseignement et de soins, et leur personnel sont particulièrement ciblés par les stratégies marketing des firmes de santé ».

Dans les faits, seulement la moitié des CHU (17 sur 32), esquissent les contours d’une politique de prévention des conflits d’intérêts. Une telle politique est d'ailleurs clairement identifiée dans trois établissements uniquement, à Toulouse, Marseille et Paris. Vingt critères ont été retenus pour évaluer les politiques d’indépendance. « Ces critères explorent le financement par les entreprises d’actions de formation, de promotion, d’aides diverses, de recherche, l’accès des entreprises à l’hôpital, la déclaration des liens d’intérêt, les politiques effectives et moyens de contrôle des hôpitaux », détaille le Formindep.

Peux mieux faire sur la formation continue et la recherche

Et au moment de compter les points c’est le CHU de Toulouse qui s’en sort le mieux avec 24 points sur 58 possibles, l’AP-HP vient ensuite avec 20 points, l’AP-HM (12 points), Montpellier (11 points), Poitiers (9 points) et Angers (8 points). Certains items semblent faire l’objet d’une certaine vigilance des CHU comme les avantages en nature, les conférenciers, les achats de matériel ou les autorités de régulation. En revanche d’autres sont particulièrement négligés, d’après le Formindep : les financements d’évènements, la formation continue, le ghostwriting (pratique de lobbying ou de manipulation d’opinion), la déclaration obligatoire des liens d’intérêts ou la transparence de la recherche. L’association pointe donc des initiatives « ponctuelles, souvent rudimentaires » et regrette également « un taux de réponse faible ».

« Contrairement à la Grande-Bretagne, la France ne s'est pas dotée d'une politique globale de prévention de conflits d'intérêts dans ses hôpitaux, observe Formindep. Les lois successives (anti-cadeaux de 1993, Bertrand de 2011 ou de modernisation de 2016) n'ont pas entamé la densité ni réellement l'opacité des relations entre industriels et médecins. »

Mais comme pour le classement des facultés de médecine, le collectif espère que ce type de palmarès fera avancer les choses. « La répétition de cet exercice pourra néanmoins inciter les CHU à se doter enfin de politiques globales de prévention de prévention des conflits d’intérêts », estime le Dr Christian Guy-Coichard, investigateur principal de l’étude. Un sentiment partagé notamment par le directeur général de l’AP-HP.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr