Livres
S TEPHEN King, le roi du roman d'horreur, des « Cujo », « Carrie » et autres « Simetierre » ou « Runing Man » ? L'un des écrivains les plus lus de la planète, qui compte à son actif une bonne trentaine de best-sellers dont le cinéma s'est emparé avec avidité ? Est-ce bien ce même auteur de genre - et homme d'affaire avisé qui a mis les pieds dans le plat de l'édition en diffusant directement son dernier roman sur Internet - qui a écrit ce livre de littérature et d'émotion pure ? Mais oui, c'est lui ; et pour peu que l'on ait suivi sa production, on n'est pas tellement surpris de cette évolution qui l'a fait entrer dans la cour des grands.
« Curs perdus en Atlantide » n'est ni un roman ni un recueil de nouvelles, mais une suite de cinq récits dont le premier, de loin le plus long, se déroule en 1960, le deuxième en 1966, le troisième en 1983 et les deux derniers, beaucoup plus brefs, en 1999. Ce ne sont ni des histoires indépendantes ni des chapitres suivis car ce qui intéresse Stephen King, plus que de décrire ce que furent ces années soixante, est de montrer les répercussions qu'elles ont eu sur les personnages.
C'est ainsi que dans la première partie, l'ère Kennedy-Nixon, ils ont une dizaine d'années, c'est déjà bientôt pour eux, qui vont être confrontés à une série d'aventures, la fin du temps béni de l'enfance ; une enfance qui n'est d'ailleurs pas rose pour tous comme pour le jeune Bobby dont le père absent et la mère distante et obsédée par l'argent n'est pas sans rappeler l'enfance de l'auteur.
Les années 1966 nous amènent sur les campus, alors que les étudiants, comme Pete et ses camarades, songent plus à jouer aux cartes qu'à travailler leurs cours, risquant ainsi de perdre leur bourse et de se retrouver au Viêt-Nam.
Willie, que l'on retrouve en 1983, fait d'ailleurs partie de ces garçons qui, ayant raté leurs examens, ont été envoyés à la guerre. Il n'en est pas revenu indemne.
Sous-titrée « pourquoi nous étions au Viêt-Nam », l'avant-dernière partie insiste sur les conséquences du conflit qui, trente ans plus tard, marque toujours les survivants ; on y retrouve plusieurs protagonistes des précédents récits qui y ont croisé leurs destins. Et si un souffle mystérieux, clin d'il du Stephen King que nous connaissons, anime la dernière partie, l'horreur n'est pas au rendez-vous, au contraire, puisque l'on retrouve Bobby et son ancienne amie de cur vieillis, mais apaisés.
Servi par cette construction subtile, le livre de Stephen King est avant tout un témoignage lucide sur cette « génération perdue » et ses personnages ont une épaisseur tout à fait crédible. De la belle ouvrage assurément !
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