La metformine est très largement prescrite dans l’indication du diabète de type II, mais elle pourrait, selon une équipe de scientifiques belges, avoir une propriété inattendue : celle de rallonger l’espérance de vie. Dans un article publié dans les « Proceeding of the National Academy of Sciences » (PNAS), Wouter de Hæs de l’université catholique de Louvain, et ses collègues ont observé un tel phénomène chez un ver d’environ un millimètre de long : le Caenorhabditis elegans.
Pour comprendre ce qui se passait, ils ont analysé le protéome des mitochondries de ces animaux et ont observé une hausse de la production de dérivés réactifs de l’oxygène (dérivés instables de l’oxygène), ce qui démarrerait une réaction en chaîne conduisant à une augmentation de l’espérance de vie.
Le paradoxe de l’hormèse
Ce résultat peut sembler étonnant, car les dérivés réactifs de l’oxygène sont justement connus pour provoquer des dommages cellulaires via le stress oxydatif. Mais selon les auteurs, ce paradoxe apparent s’explique par le phénomène de l’hormèse, qui veut qu’une faible dose de toxique déclenche certains mécanismes d’autoréparation dans la cellule ou l’organisme, et que ces mécanismes une fois activés soient suffisants pour, non seulement neutraliser l’effet initial du toxique, mais également réparer d’autres défauts que le toxique n’avait pas provoqués.
Dans ce cas précis, la production de dérivés réactifs de l’oxygène accroît l’activation de l’enzyme peroxyredoxine PRDX-2 impliquée dans la réparation des cellules et la résistance au stress oxydatif, via la cascade d’activation des MAP kinase. Cette activation irait bien au-delà ce qui serait nécessaire pour réparer les dommages causés par l’augmentation initiale de dérivés réactifs de l’oxygène.
Une mécanique qui se répète d’une espèce à l’autre
Nous sommes évidemment très loin d’une preuve qu’un effet similaire existe chez l’homme ou même chez les vertébrés. Les chercheurs précisent néanmoins que la voie de signalisation du PRDX-2 n’a que très peu changé au cours de l’évolution, ce qui pourrait impliquer que l’effet de la metformine s’appliquerait à d’autres espèces.
Wouter de Hæs et al, Metformin promotes lifespan through mitohormesis via the peroxiredoxin PRDX-2, PNAS, publication en ligne du 2 juin 2014
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