LE QUOTIDIEN - Trois semaines après le début de la grève des sages-femmes, à quel rythme fonctionne la maternité des Bluets ?
Evelyne VANDER HEYM - Pour l'instant, nous assurons l'accueil de toutes les femmes inscrites chez nous. Nous avons concentré nos moyens humains sur les accouchements et sur le suivi des grossesses pathologiques. Nous prenons en charge les suites de couches sans faire sortir les femmes de manière anticipée. Nos prestations sont aussi bonnes que possible, étant donnée la situation, mais elles sont quand même limite. Pour le reste, tout ce qui est consultations, interventions programmées, est annulé. Les préparations à l'accouchement, les inscriptions, la saisie informatique des dossiers sont stoppées. La gestion de l'après-grève sera très compliquée.
Comment procédez-vous avec vos sages-femmes, qui sont toutes en grève ?
Par le biais de la négociation, j'assigne les sages-femmes vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour les salles de naissances et en journée pour les grossesses pathologiques. Mais aujourd'hui, « jeudi noir », où il va me falloir peut-être remplacer toutes les sages-femmes par des médecins, je ne suis pas certaine de pouvoir suivre la même ligne de conduite. Le contexte ne va pas m'aider : nous sommes en plein congés scolaires et les équipes sont épuisées. Depuis trois semaines, les médecins ont pas mal pallié la carence des sages-femmes, assurant notamment des consultations gratuites en signe de solidarité. Si je ne peux pas assurer une prise en charge correcte des femmes, je serai peut-être amenée à prendre des décisions de transfert.
Combien de sages-femmes emploie votre établissement ? Est-ce suffisant, compte tenu des 1 800 accouchements que vous réalisez chaque année ?
Il y a aux Bluets quinze sages-femmes équivalent temps plein. Ce n'est évidemment pas assez. Il en faudrait en permanence trois en salle de naissance (aujourd'hui, je n'en ai que deux), une dévolue vingt-quatre heures sur vingt-quatre aux suites de couches (ce que je ne peux pas me permettre). Avec mes neuf gynécologues-obstétriciens équivalent temps plein, je ne dispose pas non plus d'un nombre suffisant de médecins. Le mouvement des sages-femmes n'a rien d'un coup de tonnerre dans un ciel serein. Toutes les maternités de l'Ile-de-France et de Paris intra muros sont à la limite de l'explosion. Leur charge de travail augmente - les Bluets sont passés de 1 500 accouchements en 1995 à 1 800 accouchements aujourd'hui - tandis que, faute de budgets (depuis trois ans, nos moyens sont en baisse) et parce que la pénurie des compétences se fait déjà sentir, leurs effectifs en sages-femmes, en soignants, en médecins stagnent.
Les rémunérations des sages-femmes sont-elles chez vous très inférieures à ce qui se pratique à l'hôpital public ?
Le différentiel dépasse 1 000 F par mois, ce n'est pas rien. Les jeunes sages-femmes qui sortent de l'école - et qui en sortent en nombre insuffisant - choisissent évidemment l'hôpital public !
La maternité parisienne des Bluets à bout de souffle
Publié le 11/04/2001
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Propos recueillis par Karine PIGANEAU
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6897
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