C OMMENCÉ le 20 mars, le mouvement de grève des sages-femmes qui revendiquent une revalorisation de leur statut, et notamment une hausse de leur rémunération, perturbe le fonctionnement de nombreuses maternités, surtout dans le secteur privé.
Toulouse, Nantes et Bordeaux arrivent en tête des villes où la grève est la plus dure, mais Nice, Rennes, Montpellier, Strasbourg ou Tours sont très touchées. « La grève s'est durcie au cours de cette semaine, en particulier en province. A notre connaissance, au moins une dizaine d'établissements ont été fermés par les agences régionales de l'hospitalisation », estime Françoise Bicheron, de la Coordination des sages-femmes.
A Toulouse, six cliniques assurent les trois quarts des accouchements dans l'agglomération. Or, cinq d'entre elles ont dû fermer leur service de maternité, faute de personnel. « Les deux hôpitaux de Toulouse ont mis les bouchées doubles », explique la direction de la direction départementale de l'Action sanitaire et sociale (DDASS).
« Les femmes accouchent sur place avant d'être transférées dans les hôpitaux de la périphérie des départements voisins, comme Albi ou Carcassonne. Mais la situation est de plus en plus difficile au fil des jours. Les équipes sont fatiguées, les parturientes arrivent très énervées à l'hôpital après s'être présentées en vain dans les cliniques. La situation est limite. »
La préfecture envisage d'imiter les décisions prises en Loire-Atlantique et à Bordeaux, où a été ordonnée la réquisition des sages-femmes salariées dans le secteur privé. C'est ainsi qu'à Nantes des gendarmes se sont présentés au domicile d'une sage-femme, qui a refusé de signer la réquisition tant que la presse n'était pas sur les lieux. Habituellement, les réquisitions sont faites par les responsables d'établissement privé auprès des présidents de tribunal de grande instance (TGI). « Leur champ de compétence concerne le risque sanitaire encouru par les patients déjà présents dans l'établissement. Or, cela ne correspond pas à la situation des maternités, où le problème concerne l'accueil de patients arrivant de l'extérieur. Pour cette raison, le tribunal de Nantes s'est déclaré incompétent et c'est le préfet de Loire-Atlantique qui a pris la décision de réquisitionner les sages-femmes », explique-t-on à l'Union hospitalière privée (UHP).
Situation difficile en Isère
Le préfet de Gironde a pour sa part décidé des réquisitions en considérant qu'il était imprudent d'attendre le délai nécessaire au tribunal de grande instance pour statuer.
A Grenoble, le juge des référés du TGI a refusé d'imposer un « service minimum » aux sages-femmes en grève. Il a estimé que la grève « obéit à des consignes nationales » et que c'est au gouvernement d'adopter des mesures uniformes de réquisition si le mouvement met en péril la santé publique. La situation dans ce département est préoccupante. Les deux maternités de Grenoble sont en grève à 100 %, et une clinique intégrant une maternité n'assure qu'un service d'urgence. « A Bordeaux, la situation est telle que les femmes qui accouchent le matin sont renvoyées chez elles dans la journée, souligne-t-on à la coordination. »
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