ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
L ES vêtements de la liturgie catholique entrent pour beaucoup dans les fastes déployés par l'Eglise au cours des cérémonies qu'elle organise selon un très strict protocole qui répond aux paroles sacrées de l'Evangile et scande les étapes de la vie humaine. Voici toute une série fastueuse, en étonnante procession, de chasubles, dalmatiques, pluvials et chapes taillés dans les matières les plus précieuses : velours ciselés, taffetas moirés ou brochés, damas de satin de soie brodé, lampas liserés ou faille de soie moirée.
Outre la beauté de l'objet dans ses précieuses décorations au fil de soie, c'est la symbolique qui y est inscrite que l'exposition nous apprend à déchiffrer. Le concile de Trente (1545-1563), qui a jeté les bases de la liturgie pratiquée par l'Eglise occidentale, a fixé cinq couleurs (vert, violet, noir, rouge et blanc ainsi que l'or et l'argent) correspondant à des phases du culte. Le vert pour les messes dominicales, celles du « temps ordinaire » ; le noir pour les cérémonies funéraires, suivant l'usage du vert en cette circonstance jusqu'à la fin du XVIe siècle ; le rouge pour le cycle de la « Passion »; le violet (et parfois le rose) également réservé au deuil, mais porté par des prélats de haut rang ; le blanc, inspiré de la toge des sénateurs romains, est réservé aux fêtes de la Sainte-Trinité, de la Nativité de saint Jean-Baptiste et quelques autres fêtes carillonnées. L'usage de l'or et de l'argent ne répond plus à une phase du culte mais accompagne les couleurs requises, pour leur donner plus de lustre encore, la messe devant être aussi un spectacle enchanteur.
Ce à quoi répond l'art partout épandu pour l'ornementation des lieux de culte autant que des cérémonies qui s'y déroulent. Sans cette volonté venue des instances supérieures du clergé, nul doute qu'une part importante de la production artistique n'aurait jamais vu le jour.
Si l'on connaît assez bien la peinture, la sculpture et plus encore l'architecture qui y répond, on n'a pas souvent l'occasion de découvrir ce qui relève des arts décoratifs, et encore moins l'habillement protocolaire qui constitue la part vivante, animée, de cet étalage de richesse. Nul doute que l'exposition « Merveilles d'or et de soie », avec sa fonction pédagogique, attirera les nombreux curieux qui veulent mieux lire et comprendre les secrets de la liturgie.
On peut comprendre l'importance que peuvent revêtir chasubles et autres ornements religieux, quand on sait combien les iconoclastes de la Révolution française s'en prenaient à eux, affublant de chasubles des ânes, et en faisant usage pour des farces et mascarades profanatrices.
Il suffit de sortir de l'ombre ces beaux habits de lumière sacrée, pour que des pans entiers de l'Histoire se déroulent devant nous.
Trésors textiles de Notre-Dame-des-Doms du XVIe au XIXe siècle. Palais des Papes, Avignon. Jusqu'au 4 juin, tous les jours de 9 h 30 à 17 h 45 jusqu'au 31 mars ; à partir du 1er avril, de 9 h à 19 h. Entrée 40 F. Un catalogue bien documenté, sur un sujet mal connu. Editions RMG-Palais des Papes.
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