L E développement de l'automédication n'entraîne pas nécessairement une diminution des dépenses de l'assurance-maladie, estime Gilles Johanet, directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie.
« Non seulement, je n'attends pas une réduction des dépenses de la part du médicament d'automédication, mais je serais heureux qu'il n'en engendre pas de supplémentaires », déclare en effet Gilles Johanet, dans un face-à-face avec l'économiste de la santé Claude Le Pen (Paris-Dauphine) publié dans le dernier numéro du mensuel « l'Officinal ».
« Le médicament pris en automédication, ajoute le directeur de la CNAM, peut parfois retarder la prise d'un médicament remboursable plus adapté ou engendrer des effets indésirables ». Gilles Johanet en appelle donc à « une grande vigilance » en ce qui concerne le recours à l'automédication. D'ailleurs, indique-t-il, la CNAM réfléchit à la possibilité d'accorder un label aux produits pris en automédication et d'évaluer leur « service médical rendu » (SMR), comme c'est le cas pour les autres spécialités. « Le consommateur aurait tout à gagner s'il disposait d'une échelle de comparaison du SMR au niveau de produits d'automédication », souligne Gilles Johanet.
Les inquiétudes manifestées par Gilles Johanet en ce qui concerne le développement de l'automédication ne sont pas toutes, loin de là, partagées par Claude Le Pen. Pour l'économiste de la santé, le développement de l'automédication s'inscrit en effet « dans une dynamique d'extension de besoins » des citoyens en matière de santé et « certains médicaments peuvent être pris en charge par le malade sans danger pour la santé publique et sans menace pour l'équité sociale ».
Evoquant d'une manière générale la politique du médicament, le directeur de la CNAM réaffirme, dans « l'Officinal », que « nous nous orientons de plus en plus vers une prise en charge du médicament par indication thérapeutique ». « A l'avenir, précise-t-il, une fraction croissante des médicaments sera prescrite par le médecin, mais ne sera remboursée que pour certains malades, en fonction de la pathologie dont ils souffrent. »
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