L A CNS, cinquième du genre, va s'employer, comme les précédentes, à définir les grandes priorités sanitaires de la nation et à alimenter, par ses conclusions, les débats parlementaires à venir concernant l'évolution des dépenses sociales.
Son menu a fait l'objet d'un large recensement de thèmes parmi ses membres, les représentants des professionnels de santé exerçant à titre libéral, ceux des institutions et des établissements publics et privés de santé, et des professionnels qui y exercent, les représentants des 22 régions administratives, ainsi qu'une dizaine de personnalités dites « qualifiées ».
Quatre sujets qui concernent les jeunes
Au final, ce sont deux ensembles de quatre questions chacun qui ont été sélectionnés, selon l'argument de la fréquence. Le premier ensemble est centré sur la dimension régionale des sujets autour de quatre questions : la maladie mentale et le suicide chez les jeunes ; la prévention de l'échec scolaire par la détection des troubles du langage ; le cadre de vie et l'habitat ; les accidents de la circulation.
« Ces quatre sujets concernent tout particulièrement les jeunes, souligne le Pr Marc Brodin, professeur de santé publique à l'hôpital Bichat et professeur de pédiatrie à l'hôpital Robert-Debré, à Paris, qui présidera la CNS pour la deuxième année consécutive. Le second devrait d'ailleurs permettre de mieux traiter le premier ; en ce qui concerne l'habitat, les intoxications au plomb concernent particulièrement les enfants ; quant aux accidents de circulation routière, ils vont nous amener à nous pencher, évidemment, sur la consommation d'alcool chez les jeunes qui prennent la route, même si nous allons aussi travailler sur les personnes âgées et les troubles accidentogènes de la vision et de l'audition. »
Second ensemble abordé par la CNS, l'évolution du système de santé va faire, lui aussi, l'objet de quatre thèmes.
Les conférenciers reviendront en premier lieu sur le rapport du Haut Comité de santé publique sur le panier de soins et le « service médical rendu » par l'ensemble des soins et des biens médicaux remboursables par l'assurance-maladie (« le Quotidien » du 12 mars).
Les médecins de première ligne
L'accent devrait, en particulier, être mis à cette occasion sur l'intégration des actes de prévention et de dépistage parmi les soins considérés comme essentiels.
En second lieu, l'évolution de la démographie des professionnels de santé fera l'objet des travaux de la conférence, à la lumière des évolutions enregistrées ces vingt dernières années.
« Pour les généralistes, explique le Pr Brodin, il faut se poser la question du mode d'insertion des médecins de première ligne tant dans le monde rural que dans les quartiers péri-urbains. Et, pour les spécialistes, il faut revenir sur les cinq ou six spécialités qui, sur les cinquante-trois dont nous disposons aujourd'hui, suscitent des inquiétudes. »
Troisième thème : l'aménagement du territoire, avec l'équilibre aussi nécessaire que délicat à trouver entre les dispositifs situés à proximité des familles, tels les soins palliatifs, et ceux qui, pour des raisons de qualité, doivent faire l'objet d'un regroupement et, par conséquent, d'un éloignement géographique, comme les plateaux techniques en chirurgie ou en obstétrique.
Les liens entre établissements publics et privés seront à cette occasion examinés.
Enfin, quatrième sujet : l'évolution des comportements des malades et des professionnels de santé, sous le double regard du développement de l'information, en particulier via Internet, et de la jurisprudence sur la responsabilité médicale. Les participants vont être invités à voir comment une dynamique de confiance pourrait être lancée, contre le sentiment de défiance qui s'est généralisé ces dernières années.
« Notre travail va certes porter sur l'ONDAM (objectif d'évolution des dépenses d'assurance-maladie), souligne le Pr Brodin. Mais l'enjeu nouveau pour cette cinquième conférence, c'est notre volonté de remettre la maladie au centre du système de soins, pour qu'il retrouve tout son sens. Il faut aujourd'hui recréer des enveloppes transversales aux segmentations administratives de l'ONDAM, en fonction de l'histoire naturelle des maladies et du service attendu par le malade. Il faut raisonner par pathologies et non par actes, comme on le faisait autrefois. »
Une évolution qui s'accomplit dans le contexte des harmonisations européennes. « La France est bien placée, mais elle n'est pas dispensée de recevoir des enseignements de la part de ses voisins, observe le Pr Brodin, par ailleurs président de la Fédération européenne de santé publique. Ainsi, passé 65 ans, les Français sont certes ceux qui détiennent la plus grande espérance de vie. Mais ils sont aussi parmi les moins bien placés par rapport à l'espérance d'atteindre cet âge de 65 ans. »
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