Renvoyer chez eux les patients admis pour une suspicion d’infarctus du myocarde ayant un taux plasmatique de troponine I inférieur à 5 ng/L permet d’éviter l’hospitalisation inutile de deux tiers des patients qui ne souffrent pas d’un infarctus, selon une étude de cohorte anglaise publiée dans « The Lancet ».
Le dosage de la troponine I est déjà utilisé, parmi d’autres outils, pour confirmer un diagnostic d’infarctus du myocarde, avec des résultats parfois difficiles à interpréter. Les auteurs de plusieurs études avaient émis l’hypothèse que l’on pouvait se servir de ce marqueur biologique pour, au contraire, identifier les patients admis suite à des douleurs à la poitrine qui ne souffraient pas d’un infarctus du myocarde.
Une cohorte de plus de 6 300 patients
C’est ce qu’ont souhaité vérifier les chercheurs du centre de science cardiovasculaire de l’Université d’Édimbourg en menant une étude de cohorte rétrospective sur 6 304 patients admis aux urgences suite à une suspicion de syndrome coronaire aigu. Les taux plasmatiques de troponine I avaient été systématiquement mesurés à l’inclusion, puis une seconde fois entre 6 et 12 heures plus tard. Ils ont ainsi pu évaluer la valeur prédictive négative d’une grande variété de seuils de concentration de troponine I, en dessous desquels il est possible de laisser le patient quitter l’hôpital. Les patients ont été répartis entre une cohorte de dérivation (4 870 patients) et deux cohortes de validation (1 434 patients).
Un infarctus était effectivement survenu chez 16 % des patients, auxquels s’ajoutent 1 % de patients qui n’avaient pas d’infarctus lors de leur première admission, mais se sont présentés à nouveau dans les 30 jours qui suivent avec un infarctus confirmé. En tout, 2 % des membres des trois cohortes sont décédés dans les 30 jours suivant l’hospitalisation.
Une valeur prédictive négative de plus de 99 %
Parmi les patients qui n’avaient pas d’infarctus, 61 % avaient un taux de troponine I inférieur à 5 ng/L. L’utilisation d’un tel seuil permettait de déterminer qu’un patient n’avait pas d’infarctus, avec une valeur prédictive négative de 99,6 % en ce qui concerne le critère primaire d’évaluation était un indice composite d’infarctus du myocarde et de mortalité cardiovasculaire au bout de 30 jours. Cette valeur prédictive négative restait la même dans tous les groupes définis par un facteur de risque particulier : âge, sexe, antécédents cardiovasculaires. Dans la cohorte de validation, la valeur prédictive négative était de 99,4 %.
Au bout d’un an de suivi, les patients dont le taux de troponine était supérieur à 5 ng/L avaient un risque d’infarctus et de décès cardiovasculaire supérieur à ceux qui avaient un taux de troponine plus faible.
« Nous pensons que nos résultats sont à la fois représentatifs et généralisables à l’ensemble des patients chez qui il existe une suspicion d’infarctus », estiment les auteurs, qui reconnaissent qu’une limitation à leur travail : ils n’ont pour l’instant pas pu évaluer l’implantation de ce seuil de la troponine dans la pratique clinique.
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