Première pollution mal « gérée » : celle liée au trafic routier. Selon le rapport, il faudrait, en vrac : baisser les seuils d'alerte à l'ozone, réformer la pastille verte, appliquer les restrictions de circulation, réduire les concentrations de certains polluants, et des particules fines en particulier, etc. La liste des recommandations est longue.
« Au terme d'un an de travail, je fournis plusieurs pistes de réflexion au gouvernement, explique Jean-Félix Bernard, président du CNA et conseiller régional d'Ile-de-France. Le but n'étant pas de réviser la loi sur l'air de 1996 de A à Z, mais d'en repérer les lacunes pour éventuellement y ajouter quelques précisions. »
Si les taux de plomb ou de soufre ont nettement chuté ces dernières années, grâce aux efforts de l'industrie, d'autres polluants en revanche ont une fâcheuse tendance à s'accumuler. C'est le cas de l'ozone, des particules fines et des pesticides. Du coup, il est peu probable que la France tienne l'objectif de réduction de moitié des émissions de polluants prévu pour 2010 par la directive européenne. Le cas des particules fines est inquiétant : ces substances cancérigènes ne sont pas prises en compte dans les indices de pollution. Le rapport demande leur intégration aux procédures d'alerte.
Une riposte graduée
Concernant l'ozone, le dispositif est fondé sur deux seuils : information du public et alerte. « Les seuils actuels, purement administratifs et trop élevés, jouent un rôle de frein, puisque bien souvent aucune mesure n'est prise avant ces seuils, déclare Jean-Félix Bernard . Il faut soit les revoir à la baisse, soit intégrer à la loi une riposte graduée. » Le seuil d'alerte doit effectivement être abaissé en France dans les dix-huit mois, à la suite d'une directive européenne, passant de 360 μg/m3/heure à 240 μg/m3 sur trois heures.
La « riposte graduée » préconisée par Jean-Felix Bernard consiste à miser sur la prévention, plutôt que mettre en branle tardivement des mesures de restriction de circulation, une fois que la pollution est installée. « Grâce aux prévisions météorologiques, on peut annoncer des épisodes de pollution aigus la veille, voire même avant en cas d'anticyclone prolongé », constate le président du CNA. Selon lui, mieux vaudrait faire appel au civisme des automobilistes (invités à laisser leur voiture au garage), ou aux limitations de vitesse et aux restrictions de circulation.
Autre mesure critiquée, la pastille verte, permettant aux voitures neuves de rouler en cas d'alerte à la pollution. Vu la vitesse avec laquelle le parc automobile se renouvelle, tous les véhicules seront bientôt autorisés à rouler les jours de pic de la pollution. En conséquence, le rapport suggère de supprimer la pastille, ou alors de la restreindre aux véhicules propres, électriques ou au gaz.
L'air intérieur aussi
Autre idée mise à mal par le rapport : se calfeutrer chez soi n'évite pas aux poumons de s'encrasser. « On ne peut pas avoir une bonne qualité de l'air intérieur si l'air extérieur est pollué, souligne Jean-Félix Bernard. La quantité de dioxyde d'azote qu'on peut trouver dans une chambre est déterminée par celle de l'extérieur. Il faut cesser de croire qu'on peut cloisonner ces deux milieux de façon étanche. » D'où le retour à une politique d'aération. De même pour les espaces publics couverts. Dans sa dernière étude, AIRPARIF souligne que la qualité de l'air dans les gares de l'Est et de Saint-Lazare est aussi déplorable que celle située dans les rues voisines. Dans le métro, les dégagements de particules par les freins reste problématique.
Le rapport de l'INA ne traite pas directement de l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé. Pour en savoir plus, il faut se référer au programme PRIMEQUAL (commandité par le ministère de l'Environnement), qui dresse le bilan de 150 études d'impact sanitaire. Sa conclusion appelle à la vigilance. « Alors que les effets à court terme de la pollution atmosphérique sur la santé sont désormais mieux cernés, il faut être attentifs aux effets à long terme, tels que les cancers ou les affections cardio-respiratoires. » Fait nouveau, ce programme recommande « d'accorder la priorité à la diminution de la pollution de fond plutôt qu'aux seules pointes de pollution. »
Pour sa part, Jean-Félix Bernard se méfie des conclusions hâtives. « Mon rapport ne doit pas permettre à certains de dire que la pollution diminue, ou augmente en général. Chaque polluant doit être analysé finement. Même les gaz qui diminuent, tels le dioxyde de soufre, connaissent des pointes de temps à autre. » A quand un air plus sain ? « Sûrement pas pour demain. L'incitation au renouvellement du parc automobile, dans le but d'éliminer les vieux véhicules pollueurs, ne suffira pas, déclare Jean-Felix Bernard . Il faut également privilégier les modes de déplacement non polluants, comme la marche ou le vélo. »
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