Hold-up

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Publié le 26/04/2017
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Faut-il prendre parti avant ce second tour ? Ils (les partis) sont mal en point. Les républicains et le parti socialiste éliminés au premier tour, le clivage gauche-droite s’efface au profit d’une nouvelle fracture ou plutôt frontière, être pour ou contre l’Europe. Ce nouveau clivage traverse tous les pays du Vieux-Continent. Il renvoie les économistes à leurs chères études. La politique reprend tous ses droits non sans heurts. Elle provoque des mouvements de plaques tectoniques bouleversant les anciens équilibres. Attention toutefois aux prophètes qui annoncent pour le second tour : les jeux sont faits. « Réalistes, méfiez-vous d’un peuple humilié’, écrivait Georges Bernanos dans un article intitulé : « la France humiliée » et rédigé en août 1945*.

Dans ce tremblement de terre en cours, la santé est bien l’un des seuls secteurs qui résistent à cette faille géologique. Tout doit changer… sauf le système de protection sociale. François Fillon peut en témoigner. Le candidat des républicains n’avait pas tremblé sur la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires. Mais il a reculé sur la Sécu. Depuis ce renoncement, qui se souvient d’une seule idée originale avancée par les onze candidats dans le champ de la santé ? Pourtant, un tsunami menace bel et bien l’écosystème français de santé, professionnels de santé et entreprises des produits de santé compris. La révolution numérique devrait tout souffler sur son passage, même si aujourd’hui aucun architecte n’a encore bâti les plans de ce nouveau système. Nos données personnelles sont les nouvelles mines d’or explorées par Google, Facebook et autre Watson d’IBM. A l’heure des bouleversements opérés par l’intelligence artificielle, des radios seront toujours réalisées. Mais elles seront interprétées demain par des ordinateurs. Les temps changent. Faut-il aujourd’hui davantage redouter la Silicon Valley que Wall Street ? Les peuples inventent-ils encore leur avenir ?

Marisol Touraine s’était sans nul doute trompée de cible lorsqu’elle avait qualifié les manœuvres d’Emmanuel Macron tout au long de ce quinquennat de « hold-up du siècle ». Quoique…

Français, si vous saviez, Georges Bernanos, Folio essais, page 28, réédition janvier 2017.


Source : lequotidiendumedecin.fr