Chose relativement rare pour une maladie, en 40 ans, l'agent pathogène de l'hépatite a été identifié, son mode de transmission et son dépistage précisés. Et l'arrivée de nouveaux traitements a bouleversé le pronostic de cette hépatite. «?Dans cette pathologie vis-à-vis de laquelle il n'existe toujours pas de vaccin, l'arrivée d'agents antiviraux d’action directe (AAD) permet de parler de guérison et d'envisager l'éradication de la maladie, thèse impensable il y a encore 3 ans », souligne le Pr Victor de Lédinghen (Bordeaux), secrétaire général de l’AFEF.
En effet, le VHC a été identifié en 1989 et 3 ans plus tard, s'érigeait la première barrière vis-à-vis de la transmission de la maladie par le dépistage systématique des donneurs de sang par la sérologie, puis au milieu des années 1990 par la recherche de l'ARN viral. Sa prise en charge a été facilitée avec en 2001 la mise à disposition du Fibrotest® (test sanguin) puis en 2003 du Fibroscan® qui ont amené à la disparition progressive de la biopsie hépatique.
En 2011, une première classe de nouvelles molécules, les inhibiteurs de protéases augmentait le taux d'éradication virale en association avec l'interféron et la ribavirine. Mais la véritable révolution s'est effectuée en 2014 avec l'arrivée des inhibiteurs de NS5A et de NS5B qui, en s'affranchissant, totalement de l'interféron assurent par des traitements courts et bien tolérés environ 90 à 95 % de guérison.
On dispose actuellement de 7 molécules, 2 autres devraient arriver d'ici quelques mois; d'autres médicaments de 2e génération, appartenant toujours à ces mêmes classes thérapeutiques devraient être encore plus efficaces et réduire encore la durée des traitements. Leur association en fonction du contexte clinique et biologique a amené en juin 2015 l’AFEF (Association Française pour l’Étude du Foie) à émettre des recommandations pour la prise en charge du VHC spécifiques à la France. À noter que ces traitements sont très actifs aussi dans l'hépatite aiguë, mais on attend le remboursement dans cette indication.
Une pathologie « comme une autre »
« Le seul réservoir du VHC étant humain, on peut supposer que l'épidémie disparaîtra d'ici moins de dix ans et qu'on n'aura plus à affronter que des cas sporadiques qu'on guérira comme une maladie “banale ”, se félicite l'hépatologue. Un effort supplémentaire sur le chemin de l'éradication serait à faire avec le dépistage, au moins une fois, de toute la population française afin d'identifier ces 75000 porteurs du VHC qui s'ignorent. Le recours aux TROD, en faveur desquels la HAS s'est positionnée en 2013, serait une solution d’autant que leur remboursement est attendu pour en 2016.
Les dates clés
› Années 1970. Implication des « hépatites non A non B » dans la plupart des hépatites post-transfusionnelles
› 1989. Alter confirme l’existence du VHC
› 1992. Dépistage sérologique
› 1994. Dispositif de réduction des risques infectieux chez les toxicomanes (Simone Veil)
› 2011. Mise à disposition des inhibiteurs de protéase
› 2015. Recommandations de l'AFEF.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature