L ES allogreffes hépatiques présentent un avantage immunologique par rapport à d'autres organes vascularisés, sous la forme d'une tolérance clinique plus facile. Pour en élucider les raisons, Zu-hua et coll. (Johns Hopkins Hospital, Maryland, Etats-Unis) rapportent, dans une lettre au « Lancet », un travail en deux temps, qui leur permet d'affirmer que l'endothélium hépatique possède des caractéristiques uniques.
Les chercheurs ont utilisé des sondes moléculaires spécifiques des séquences répétées du chromosome Y sur des biopsies de greffons provenant de donneurs femmes réalisées chez des receveurs hommes. Les observations ont été réalisées à deux stades d'évolution : à 30 (n = 3) et à 180 jours (n = 6).
Dans l'une des trois biopsies réalisées à 30 jours et dans trois de celles réalisées à 180 jours, l'endothélium des veines à la fois centrolobulaires et portales montre des taches bleues qui indiquent la présence de chromosome Y. La nature endothéliale des cellules porteuses des chromosomes Y a été ensuite confirmée par biologie moléculaire. Il existe donc un nombre croissant au fil du temps de cellules endothéliales veineuses mâles dans les greffons féminins.
Les cellules responsables du remodelage endothélial
Les chercheurs ont ensuite étudié l'origine des cellules responsables du remodelage endothélial hépatique. Ils ont réalisé une souris chimérique de façon à avoir un modèle de transplantation de moelle hématopoïétique de mâle à femelle. Les souris ont été sacrifiées à différents stades : 30, 60, 90 et 160 jours après transplantation. Des biopsies de foie, rein, cœur et muscles striés ont été prélevées. Des sondes moléculaires ont permis d'identifier les chromosomes Y des cellules provenant de mâles, puis l'origine endothéliale de ces cellules. Il est donc montré que 80 % des cellules de la pulpe blanche de la rate de ces animaux proviennent du donneur. Dans le foie, on constate que les macrophages, les lymphocytes et les cellules de Kupfer proviennent du donneur. Ce qui est remarquable est que les cellules originaires du donneur ont partiellement, voire parfois complètement, remplacé l'endothélium des veines portales et centrolobulaires hépatiques. En revanche, dans les reins, le cœur et les muscles du tronc, les cellules endothéliales demeurent celles du receveur.
« Nous montrons que le foie possède un endothélium veineux unique, caractérisé par un turnover qui n'existe pas dans la vascularisation d'autres organes », constatent les auteurs.
De plus, ces travaux apportent des arguments supplémentaires à la notion selon laquelle les cellules de la moelle hématopoïétique ont le potentiel de se transformer en certains types de cellules endothéliales. Des études sur les différences qui distinguent l'endothélium veineux hépatique d'autres types de surfaces endothéliales pourraient aider à clarifier les mécanismes de l'acceptation des greffons hépatiques.
« Lancet », vol. 357, 24 mars 2001, pp. 932-933.
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