Transplantation rénale

Greffe du donneur vivant : le rôle clé du généraliste

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Publié le 07/06/2019
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Afin de promouvoir la transplantation rénale issue de donneurs vivants, l’Agence de biomédecine et le ministère de la Santé misent sur les médecins généralistes. Avec 541 interventions en 2018, nous sommes loin de l’objectif du plan greffe pour 2021… qui en prévoit 14 fois plus.
Rein

Rein
Crédit photo : SPL/PHANIE

Àl'occasion de la prochaine Journée nationale de réflexion sur le don d'organe et la greffe du 22 juin, l'Agence de la biomédecine vient d'organiser un point presse dans le but de sensibiliser les acteurs impliqués – en particulier les généralistes – dans la greffe rénale à partir d’un donneur vivant. « Nous n'avons pas atteint les objectifs du plan greffe, ambitieux avec 7 800 greffes d'organes visées en 2021, dont 1 000 greffes de reins à partir de donneurs vivants (541 ont eu lieu en 2018, NDLR) », explique le Pr Olivier Bastien, directeur prélèvement greffe organes-tissus à l'Agence de la biomédecine.

Identifier le donneur potentiel

Pour ces greffes de rein, le généraliste peut intervenir avant mais aussi après l’opération. Il en discute avec le patient dès qu’il le sait éligible à la transplantation ou risque de l'être très bientôt (lire encadré). « Le médecin établit ensuite des liens entre l'équipe spécialisée de néphrologues, le patient et ses proches pour identifier un donneur potentiel. Pour cela, il est important de bien être informé du cadre législatif », précise le Pr Bastien.

Le donneur vivant peut être de la famille – parent de premier degré, cousin germain, conjoint, conjoint du père ou de la mère, mais aussi toute personne apportant la preuve d'une vie commune ou d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.
La loi précise que le donneur doit également rencontrer un comité donneur vivant composé de 5 personnes (trois médecins, un psychologue et un représentant des sciences sociales), qui délivre ou non l'autorisation de prélèvement. Ce comité est complètement indépendant. Autre démarche obligatoire : le candidat au don se présente au magistrat du tribunal de grande instance qui statue sur le libre consentement ou la relation stable.

Bien entendu, le choix du donneur dépend également de son état de santé initial. « À ce niveau, le rôle du généraliste qui connaît bien ses patients et leurs proches est primordial », avance le Pr Bastien. Pour aller plus loin, un bilan médical complet est effectué chez le donneur : fonctions rénales et cardiaques, facteurs de risque, maladies transmissibles, état psychologique, etc. On vérifie aussi sa compatibilité avec le receveur. « En moyenne, on effectue le bilan médical complet de trois donneurs, pour au final n'en retenir un seul », explique le Pr Olivier Bastien.

Il est aussi important que le médecin informe les patients et les proches des avantages de la greffe rénale à partir d’un donneur vivant. à commencer par un parcours de soins généralement plus court pour le greffé, cette opération étant programmée. L’autre avantage est un meilleur résultat sur le long terme par rapport au donneur décédé. Dix ans après la greffe, environ 75 % des greffons prélevés sur donneurs vivants continuent de fonctionner, contre environ 65 % pour ceux de personnes décédées.

Le suivi du donneur

Le médecin généraliste peut être enfin impliqué dans la surveillance médicale du donneur. Celle-ci est effectuée une fois par an, avec principalement des contrôles de la pression artérielle, de la fonction rénale, et la recherche d'albumine dans les urines. Une échographie rénale est réalisée tous les deux ans. Les résultats doivent être transmis à l'Agence de la biomédecine. « Ce qui n'est malheureusement pas vraiment assuré avec les années qui passent », remarque le Pr Olivier Bastien. 

Anticiper le besoin

Dans ses recommandations de 2015 sur la transplantation rénale, la Haute autorité de santé insiste sur le fait de repérer en amont les patients devant bénéficier d’un traitement de suppléance (dialyse ou greffe). « Lorsque la transplantation est possible, elle est considérée comme le traitement de suppléance le plus efficient », précise Joëlle André-Vert du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS (webzine HAS, 2018). Cela concerne les patients avec une maladie rénale chronique (MRC) irréversible évolutive de stade 4 pour lesquels on anticipe un besoin de suppléance ou un DFG < 20 ml / min / 1,73 m2 dans les 12 à 15 prochains mois ; ou avec une MRC de stade 5 : DFG < 15ml / min / 1,73 m2, dialysés ou non


Dr Nicolas Evrard

Source : lequotidiendumedecin.fr