E N 1994, l'Allemagne créait une cinquième branche au sein de son assurance sociale. A la couverture accident du travail, l'assurance-maladie, la branche vieillesse-invalidité et l'assurance-chômage s'ajoutait l'assurance pour les soins de longue durée, destinée à couvrir les dépenses liées à la dépendance. La charge du financement de la dépendance a été, de ce fait, transférée des collectivités locales aux cotisations sociales.
En France, la dépendance était, jusqu'à présent, prise en charge dans le cadre de la prestation spécifique dépendance (PSD) et de l'allocation compensatrice à la tierce personne. Or, seulement 175 000 personnes bénéficient de l'un ou l'autre de ces dispositifs, alors que plus de 800 000 personnes âgées sont reconnues en perte d'autonomie. De plus, la PSD étant à la charge des départements, des disparités très importantes ont été mises au jour.
Toutes ces raisons ont conduit le gouvernement à proposer un projet de loi créant une allocation personnalisée à l'autonomie (APA), à charge partagée entre la solidarité nationale et la solidarité locale. Cette nouvelle prestation se veut universelle (elle bénéficiera à toutes les personnes de plus de 60 ans ayant perdu leur autonomie), égalitaire (montant égal à revenus et perte d'autonomie identiques, sur tout le territoire) et personnalisée (plans d'aide individualisés).
Modulée en fonction de l'état et des revenus de la personne dépendante, l'APA sera financée par trois sources : les départements, les caisses de Sécurité sociale et 0,1 point de la contribution sociale généralisée. Le projet, présenté la semaine dernière au Conseil des ministres (« le Quotidien » du 15 février et également aujourd'hui page 7), fera l'objet d'un examen parlementaire d'ici au mois de juin. Il devrait entrer en application début 2002.
Les mêmes priorités
Malgré des dispositifs très différents, Français et Allemands partagent des priorités très semblables. C'est ce que montrent ces rencontres. Hans Grozjohann, directeur de la Fondation allemande pour la prise en charge des personnes âgées et membre de la commission du gouvernement fédéral chargé de cette question, représentait les institutions allemandes, face à Thérèse Lebrun, responsable du département Economie et Santé au CRESGE, Joëlle Voisin, de la direction générale de l'Action sociale, et le Pr Robert Moulias, de la Société française de gérontologie.
Parmi les préoccupations communes, le maintien à domicile vient largement en tête. Les personnes âgées manifestent elles-mêmes à une large majorité le souhait de rester à leur domicile jusqu'à la fin de leur vie. 88 % des personnes de plus de 75 ans et plus, en France, vivent chez elles et, parmi elles, des personnes très dépendantes. Il s'agit donc de les y aider et donc de garantir la qualité et la coordination des services d'aide à domicile, grâce à une offre suffisante de ces services, qui nécessitent un effort de formation.
La qualité de vie et de soins dans les établissements d'hébergement constitue l'un des enjeux majeurs de cette prise en charge, de part et d'autre du Rhin, face au vieillissement de la population et à l'augmentation des maladies dégénérescentes. Dans cette perspective, les établissements de retraite et de soins doivent faire face à une nouvelle population de résidents et de patients qui nécessitent une prise en charge importante et spécialisée. Ils accueillent d'ores et déjà 50 % de personnes souffrant de détérioration intellectuelle. Cela suppose, dans les années à venir, une organisation appropriée des espaces et un accompagnement spécifique des personnels. En France, le nombre de lits est suffisant. Il s'agit donc d'assurer l'adaptation de l'existant. En Allemagne, en revanche, le nombre de places en établissement reste très largement inférieur à une demande croissante, et la gériatrie est menacée par l'insuffisance des moyens qui lui sont alloués.
Toutefois, la meilleure solution aux problèmes liés à la dépendance reste encore la prévention, comme l'affirme Robert Moulias. Son efficacité se révèle grandissante, si l'on en croit l'amélioration constante de l'état de santé des personnes âgées. Prévenir la détérioration physique et intellectuelle reste encore la meilleure façon de réduire la dépendance et son coût, et de garantir la qualité de vie des personnes âgées.
En 2050, l'Espagne sera le pays le plus vieux du monde
D'ici à 2050, le nombre des plus de 60 ans va tripler dans le monde, passant de 606 millions en 2000 à près de 2 milliards, selon une étude de l'ONU. Un phénomène, lié à la baisse de la fécondité et à la hausse de l'espérance de vie, qui va surtout toucher l'Europe, qui ne représentera plus que 7 % de la population mondiale contre 13 % actuellement. Avec 3,9 personnes de plus de 60 ans pour un enfant, l'Espagne sera le pays le plus vieux, juste devant l'Italie (3,7). En 2050, il y aura 3,2 millions de centenaires, Japon en tête pour la proportion (8,8 pour 1 000), suivi par la Finlande et la France.
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