Fermeture de la maternité de Dourdan : les dessous de la décision

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Publié le 28/07/2015

Crédit photo : DR

Près d’un mois après la fermeture définitive de la maternité de Dourdan, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rend publiques les raisons de cette décision, prise in fine par l’Agence régionale de santé, dans un rapport daté d’avril 2015 sur le projet médical d’établissement du centre hospitalier sud Essonne (CHSE).

Ce projet, prévu pour 2015-2019, est bloqué depuis 7 ans, en raison de conflits qui se sont envenimés à la suite du décès d’un nourrisson en 2013.

Fragilité des équipes médicales et baisse de l’activité

Ce drame a mis en évidence les failles dans l’organisation de la maternité de Dourdan et plus globalement, du pôle mère-enfant réparti sur Dourdan (15 lits pour la maternité, pédiatrie) et Étampes (24 lits pour la maternité, néonatalogie), distants de 18 km.

Les effectifs médicaux en gynécologie-obstétrique et en pédiatrie sont en forte tension à Dourdan avec trop peu de praticiens, des temps partiels, et des professionnels âgés. L’organisation des gardes repose sur un nombre trop limité de praticiens permanents, lit-on dans le rapport.

Par ailleurs, l’IGAS pointe la baisse d’activité : le nombre d’accouchements ne cesse de diminuer depuis 2009, passant sous la barre symbolique des 1 000 en 2014 à Étampes (871) et des 500 à Dourdan en 2013 et 2014.

Enfin, les charges de la maternité de Dourdan sont supérieures à celles d’Étampes. Dans la première maternité, la valeur d’un accouchement est estimée à 6 241 euros, tandis qu’elle est de 3 213 euros dans la seconde.

L’IGAS préconise le regroupement des naissances à Étampes, malgré des locaux moins fonctionnels qu’à Dourdan. L’inspection juge suffisante la capacité d’accueil de 24 lits existants pour les 1 300 accouchements par an attendus et estime qu’une rénovation limitée du secteur d’hospitalisation est faisable dans des délais et coûts acceptables, en poursuivant l’activité. Dourdan lui, accueillera un centre périnatal de proximité.

L’anesthésie réanimation aussi en tension

L’IGAS alerte sur la situation « extrêmement » tendue de l’anesthésie-réanimation en terme d’effectifs, avec une pénurie à Dourdan, une majorité de médecins âgés de plus de 60 ans, des difficultés de recrutement, et un recours important à l’intérim, faisant exploser les budgets et le tableau de garde (plus de 30 anesthésistes différents en 2014).

L’Inspection préconise de renforcer la recherche de médecins, en privilégiant les candidats polyvalents anesthésiste et réanimateur, et travaillant sur les deux sites. Elle demande la fin de la convention liant Étampes et Pithiviers pour les lignes de garde, afin de redéployer le temps médical au profit de Dourdan.

« Toutes ces évolutions impliquent un fort engagement des équipes de la direction du CHSE qui doivent être impérativement stabilisées. (...) C’est à cette condition que le projet médical relancé pourra enfin aboutir fin 2015 au projet d’établissement dont le CHSE a impérativement besoin depuis sa création » en 2011, conclut le rapport.


Source : lequotidiendumedecin.fr