CONGRES HEBDO
L'étude DECODE (Diabetes Epidemiology Collaboration Analysis in Diagnostic Criteria in Europe) est la compilation de 14 études épidémiologiques européennes concernant 28 000 personnes suivies pendant vingt-huit ans. La plus grande cohorte est celle issue de l'étude prospective parisienne suivie par le Dr Evelyne Eschwege ; dans cette étude, la glycémie deux heures après une charge en glucose (75 g) est prédictive des risques métaboliques et cardio-vasculaires.
Pour la glycémie à jeun, l'étude DECODE confirme que seules les valeurs supérieures à 7 mmol/l sont prédictives du risque cardio-vasculaire. C'est d'ailleurs le seuil qui a été retenu pour la nouvelle définition du diabète. Actuellement sont considérés comme diabétiques tous les sujets qui ont une glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l (vérifiée à au moins deux reprises) ou une glycémie supérieure à 2 g/l, quel que soit le moment de la journée.
Dans l'étude DECODE l'intolérance au glucose (glycémie comprise 1,4 et 2 g/l deux heures après une charge de 75 g de glucose) est l'anomalie la plus fréquente chez les sujets âgés de 50 à 70 ans. Elle constitue un facteur de risque de mortalité indépendant.
Une anomalie de la première phase d'insulinosécrétion
La prévalence de l'intolérance au glucose est de 16 % aux Etats-Unis, 13 % en Europe avec parmi ces sujets la moitié d'entre eux qui ont une glycémie à jeun normale faussement rassurante puisque leur risque cardio-vasculaire et de mortalité totale est augmenté de 40 %.
Que le sujet soit diabétique ou non, la glycémie à deux heures est plus prédictive du risque de mortalité totale, cardio-vasculaire, d'accident vasculaire cérébral ainsi que d'infarctus du myocarde et de cancer.
Pour Tuomilehto, toute augmentation de 1 mmol de la glycémie à deux heures est associée à un risque de mortalité supplémentaire de 7 %. Par comparaison, ce risque est identique à celui observé pour toute augmentation de la pression artérielle de 7 mmHg.
L'élévation de la glycémie postprandiale semble plus liée à une anomalie de la première phase d'insulinosécrétion au moins chez les diabétiques récents qu'à une anomalie de l'insulinosensibilité. Cela suggère donc pour un meilleur contrôle de la glycémie postprandiale une thérapeutique susceptible d'améliorer la première phase d'insulinosécrétion plutôt qu'une active sur l'insulinosensibilité. Cela va dans le sens de l'utilisation de glinides nouvelle classe thérapeutique d'antidiabétiques oraux. Les inhibiteurs des alphaglucosidases qui retardent l'absorption des glucides d'origine digestive ont aussi un intérêt dans cette approche.
Trop rare en pratique
Il reste que, en pratique, la glycémie postprandiale est rarement dosée. Elle pourrait l'être chez les sujets à haut risque cardio-vasculaire ayant une glycémie à jeun qualifiée par le Pr Bennet d'anormale comprise entre 1,1 g/l et 1,26 g/l. L'intérêt de la glycémie postprandiale peut également se concevoir chez des sujets ayant une hémoglobine glyquée élevée alors que les glycémies à jeun sont normales.
L'hyperglycémie postprandiale est un facteur de risque parmi d'autres chez ce patient hautement fragile qu'est le diabétique de type 2, à rechercher et prendre en charge.
D'après une communication de G. Tuomilehto (Helsinki), P. Bennet et S. Kirkman (Etats-Unis).
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