Evin/Leonetti, oppositions sans clivage

Pas de vague à cinq jours de l’échéance. Claude Evin, représentant d’Emmanuel Macron et Jean Leonetti défendant le programme santé de François Fillon ont fait le job, à savoir présenter des programmes différents sans toutefois mettre en scène de réels clivages lors de la première de Contretemps*. L'essentiel est de séduire les électeurs, campagne électorale oblige. Sur le taux de l’ondam par exemple, il sera fixé à 1,6 % en cas d’élection de François Fillon. Son niveau sera plus élevé avec Emmanuel Macron à hauteur de 2,3 %. Sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT) Jean Leonetti entend les transformer en groupements hospitaliers de santé en y intégrant les établissements privés. Faut-il alors opérer une véritable décentralisation des moyens de l’Etat dans le secteur de la santé ? Claude Evin plaide plutôt pour une déconcentration et une mise à plat des liens avec l’assurance maladie. L’urgence pour Jean Leonetti serait plutôt de restaurer des liens de confiance avec les professionnels de santé en colère depuis l’instauration du tiers-payant : « Le malaise est profond. Il y a un héritage et pas d’héritiers, reprenant à son compte le vers célèbre de René Char. Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. » Dans la même veine, l’article 99 de la loi de santé qui autorise à fixer de manière unilatérale les tarifs serait abrogé. « A la contrainte, nous préférons le contrat », résume Jean Leonetti. Sur la question des déserts médicaux, il suffirait pour la résoudre d’instaurer un réel compagnonnage entre médecins installés et étudiants. Cela existe pourtant avec la maîtrise de stage.

Les programmes santé pèseront-ils au moment du choix chez les professionnels de santé ? Au-delà des réflexes corporatistes, une fois encore, le vote devrait être influencé par d’autres critères.

* Animée le mardi 11 avril 2017 par Philippe Leduc et Pascal Maurel en collaboration avec Renaud Degas.