[Pour son dernier numéro de l’année, Le Généraliste s’est intéressé aux défis de l’environnement auxquels sont confrontés les médecins. Du 23 au 31 décembre, nous publions les articles de ce numéro bilan.]
La prise de conscience globale sur les questions environnementales a-t-elle atteint les médecins généralistes ? Affirmatif ! Et pas qu’un peu. Ceux-ci semblent réellement concernés par le sujet, à en croire les résultats d’une enquête menée sur legeneraliste.fr à laquelle ont répondu 150 omnipraticiens de toute la France. « Les professionnels de santé et les généralistes en particulier ont le devoir d'agir, de montrer l'exemple et d'informer sur les liens entre l'homme et l'environnement et les impacts sanitaires des modifications environnementales liées à l'activité humaine », souligne l'un des participants à cette enquête.
Ainsi, 86 % des répondants se déclarent plus que par le passé préoccupés dans leur exercice par les questions écologiques. Il faut dire que les médecins de famille n’ont pas forcément le choix. 78 % des sondés confient devoir répondre davantage qu’hier à des questions en lien avec les facteurs environnementaux de la part de leurs patients.
En plus de ces sollicitations, 74 % des médecins généralistes ayant participé à notre enquête affirment observer une augmentation du nombre de pathologies leur semblant en lien avec l’environnement. Ils sont également près de deux tiers (63,33 %) à avoir constaté une hausse des cas d’exacerbations des pathologies respiratoires ou de manifestations cardiologiques pendant un pic de pollution atmosphérique.
Selon les généralistes s'étant exprimé, les disciplines médicales les plus concernées par la détérioration de l'environnement sont la pneumologie (citée par 68 % d’entre eux), l’allergologie (66 %) et la cancérologie (63 %).
Déjà une réalité au cabinet
Malheureusement, les médecins ne s’estiment pour l’heure pas suffisamment armés pour répondre aux interrogations sur l’environnement de leurs patients, de plus en plus fréquentes au cabinet. Près de six généralistes sur dix (58 %) indiquent ne pas savoir où s’informer pour les questions relatives à l’environnement. De fait, ils sont même sept sur dix à se sentir insuffisamment formés pour répondre aux questions de leurs patients.
Malgré des connaissances à parfaire, certains médecins ont d’ores et déjà modifié leur pratique. En effet, nombre de répondants formulent de nouveaux conseils, notamment alimentaires ou sur l’hygiène de vie, à leurs patients. Les généralistes sondés confient également s’intéresser davantage qu’auparavant à l’environnement des patients, et leur poser plus de questions à ce sujet. Ils les invitent aussi à y réfléchir par eux-mêmes.
Vigilance sur les prescriptions
Les prescriptions se retrouvent elles aussi modifiées : des praticiens se montrent ainsi plus vigilants dans leurs ordonnances et tentent de prescrire des traitements dénués de certaines substances (« aspartame », « additifs dangereux pour la santé comme l'E171 »...), voire pour certains d'inviter leurs patients à moins s'exposer à des substances nocives (« phytothérapie », « produits ménagers non-toxiques » et « sans perturbateurs endocriniens »).
Les généralistes affirment avoir déjà changé leur façon d'exercer en triant leurs déchets, en réduisant le nombre de visites à domicile en voiture, en réalisant des économies de papier ou encore en utilisant du papier recyclé pour leurs ordonnances.
Les patients ont modifié leur alimentation
La place grandissante accordée aux questions environnementales en consultation semble porter ses fruits puisque les patients ont, selon les généralistes interrogés, déjà commencé à modifier certaines de leurs habitudes. Deux médecins sur trois relèvent des changements de comportement dans leur patientèle. Et huit sur dix assurent avoir eux-mêmes modifié les leurs !
La prise de conscience des patients s'observe notamment par des changements de régime alimentaire (observé par 91 % des médecins) et l’achat de produits équitables et respectueux de l’environnement (84 %). Deux domaines dans lesquels les médecins disent eux-mêmes avoir évolué.
En revanche, les généralistes estiment que chez leur patientèle, la réduction de la consommation d’eau et d’énergie et la moindre utilisation de la voiture sont plus rares. Ils ne sont respectivement que 36 et 42 % à avoir observé de tels changements. Dans le même temps, les médecins interrogés s'estiment plus concernés et plus actifs puisque 83 % déclarent avoir réduit la consommation d’eau et d’énergie et 69 % à moins utiliser la voiture.
Ce que vous avez commencé à modifier au cabinet
« J’ai réduit ma consommation de lumière, de chauffage et de produits en bouteilles plastiques. J’utilise en revanche toujours autant la voiture car je ne peux pas diminuer le nombre de visites à domicile à la campagne, en raison du nombre croissant de personnes âgées restant à domicile. Je réutilise également du papier et des enveloppes et je délivre des messages écologiques incitant à la prise de conscience des patients. »
« Depuis 20 ans, j’ai des panneaux de prévention sur la malbouffe, l’eau du robinet et l’environnement affichés dans ma salle d’attente. »
« Je pose des questions sur le passé « écologique » du patient : où a-t-il vécu ? Quels sont les métiers qu’il a exercés ? À quels produits a-t-il pu être exposé ? Quelles sont ses habitudes alimentaires ? »
« J’utilise mes draps d’examen différemment pour ne pas les gaspiller, fais nettoyer mes spéculums auriculaires au lieu de les jeter et je prends le temps d’aller à pied faire mes visites à domicile quand le climat le permet. »
« Je consacre plus de temps à la prévention. »
« Je m’informe sur les différents moyens de mieux recycler certains produits utilisés en cabinet de ville. »
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