L ES personnes guéries d'un cancer dans l'enfance ont 3 % de risque de développer un autre cancer dans les vingt ans, soit six fois plus que les personnes du même âge. Tel est le résultat obtenu à l'issue du suivi de 13 581 enfants et adolescents, soignés dans vingt-cinq hôpitaux américains et ayant au moins survécu cinq ans après le traitement. Les cancers les plus fréquents touchent le sein, la thyroïde et le cerveau. Le cancer du sein, dont le risque est multiplié par 16 chez les 20-30 ans, se rencontrent fréquemment chez les femmes qui ont eu une irradiation thoracique dans l'enfance ; les Américains suggèrent un dépistage par mammographie dès 25 ans. Les cancers des os et de la thyroïde sont 19 et 11 fois plus fréquents chez les survivants. Les survivants d'une maladie de Hodgkin ont un risque de 8 % de développer un autre cancer dans les vingt ans ; le risque est moindre avec les lymphomes non hodgkiniens.
Plusieurs études avaient déjà rapporté des taux anormalement élevés de cancers chez de jeunes adultes rescapés de cancers de l'enfance, mais les nouveaux résultats présentés à l'occasion du dernier congrès américain sur la recherche en cancérologie apportent, au-delà des chiffres, des éléments de compréhension au problème. En effet, on peut, bien sûr, mettre l'augmentation de la prévalence des cancers sur le compte de l'anomalie génétique qui a provoqué le cancer chez l'enfant, mais un faisceau d'arguments indique que le traitement conventionnel par chimiothérapie et radiothérapie est nettement en cause.
Aujourd'hui, l'agressivité des traitements anticancéreux a été revue à la baisse, bien que l'efficacité de la première cure soit déterminante pour la guérison. Par exemple, les lymphomes hodgkiniens irradiés sont passés de 50 % dans les années 1970 à 25 % aujourd'hui. « On essaie de minimiser l'exposition aux traitements toxiques comme les radiations en gardant à l'esprit que la guérison du cancer de l'enfant prévaut aux cancers secondaires à l'âge adulte. Le taux de guérison de 70 % des cancers de l'enfants fait qu'un Américain sur mille, âgé de 20 à 30 ans, a été guéri d'un cancer ; on ne peux donc plus ne pas prendre en considération le risque de cancer ultérieur », a expliqué le Dr Neglia (université du Minnesota).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature