Sexologie

Éjaculation précoce : des préjudices réels pour le patient

Par
Publié le 18/03/2016
Article réservé aux abonnés
atb1

atb1
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Dans le règne animal, l’éjaculation précoce serait-elle la règle ? « Seuls les gros animaux peuvent prendre leur temps lors des rapports sexuels. Les autres sont contraints d’aller vite pour être exposés le moins longtemps possible à leurs prédateurs », raconte le Pr Pierre Costa à l’occasion d’une présentation de l’étude EMOI*, réalisée en partenariat avec la FF3S (Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle), qui a cherché à décrire en situation réelle le retentissement de l’éjaculation précoce sur le bien-être psychologique et la vie sexuelle des patients consultant un spécialiste, urologue ou sexologue.

Si chez l’homme ce trouble - dont la prévalence varie entre 16 et 30 % - ne présente pas d’enjeu vital au sens organique du terme, EMOI fait apparaître que l’éjaculation précoce (EP) a un impact important sur la qualité de vie des hommes qui en souffrent et de leurs couples : souffrance personnelle et interrelationnelle (48% des cas), pouvant être responsable de divorces/séparations/ruptures (22 %), d’une mésentente avec la
partenaire (57 %) et d’un désir d’infidélité (30 %).

Des syndromes dépressifs et anxieux concomitants


Cette étude menée auprès de 575 hommes atteints d’EP, entre octobre 2013 et avril 2014, montre aussi que près de 4 patients sur 10 (37 %) souffrant d’EP sont confrontés à des syndromes anxieux et dépressifs. Le Pr Costa ajoute que ces patients « courent aussi le risque de devenir accros à l’alcool et au cannabis car ces substances ralentissent l’éjaculation ».

Dans la population de l’étude, l’EP est présente depuis le début de la vie sexuelle pour 3 patients sur 4 (75 % d’EP primaires). Les EP secondaires, survenues après une période de vie sexuelle « normale », dataient de 3,7 ans en moyenne. Chez près de la moitié des patients de l’étude (35 % en cas d’EP secondaires), l’éjaculation survenait avant ou moins d’une minute après la pénétration. À l’issue de la consultation spécialisée à l’occasion de laquelle ils ont été intégrés dans l’enquête, 79 % des patients ont bénéficié d’un traitement pharmacologique spécifique et les deux tiers d’une thérapie comportementale.

 

*EMOI : Impact de l’éjaculation précoce ou prématurée sur le bien-être psychologique et la vie sexuelle. Étude présentée lors d’une conférence de presse des laboratoires Menarini.

 

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr