P LUS de 111 millions d'enfants de moins de 15 ans, c'est pour l'Afrique francophone une source de dynamisme. Malheureusement, entre 12 000 et 16 000 jeunes Africains sont touchés chaque année par un cancer ou une leucémie. « Parce que certaines de ces pathologies, comme la tumeur du rein ou le lymphome de Burkitt ne sont plus des fatalités en Occident, nous devons réagir. Il faut faire profiter les pays en voie de développement des moyens technologiques et de l'avancée de la recherche pour assurer la guérison d'un maximum d'enfants », souligne le Pr Jean Lemerle, président du Groupe franco-africain d'oncologie pédiatrique, créé pour favoriser la prise en charge en Afrique de ces enfants malades.
L'objectif, en effet, n'est pas l'assistanat, mais l'échange. Sept unités pilotes ont été choisies, à Alger, Yaoundé, Antananarivo, Rabat, Casablanca, Dakar et Tunis. Le choix s'est fait sur des critères de motivation d'un homme ou d'une équipe hospitalière, de moyens de réussite et d'investissement dans le projet. Pour les Français, il s'agit de transférer des technologies et de faciliter l'adaptation de mesures dans un milieu souvent hostile et précaire. C'est aussi s'engager dans l'écoute d'un continent qui doit gérer « avec les moyens du bord ».
Les échanges s'effectuent à trois niveaux : formation des personnels médicaux et infirmiers, mise en place de protocoles adaptés aux environnements et suivi épidémiologique de la cohorte de malades.
Pour la formation, la Ligue nationale contre le cancer s'engage aux côtés du GFAOP. Mais elle n'assure la prise en charge que d'une dizaine d'élèves médecins pendant l'université d'été. Certains instituts de cancérologie se mobilisent donc aussi pour accueillir des stagiaires étrangers au sein de leur service de pédiatrie. Pour leur part, des laboratoires pharmaceutiques participent en donnant des médicaments qui vont permettre aux médecins sur place d'assurer les protocoles pendant deux mois. « C'est un début, mais le budget n'est pas bouclé », assure le Pr Lemerle.
L'évaluation, une nouveauté dans les mentalités
Le troisième volet de l'entreprise est d'assurer une évaluation de la démarche. Une jeune ONG, association estudiantine de l'Ecole française d'électronique et d'informatique, se charge de mettre en place les outils informatiques sur les sites en Afrique et d'assurer la saisie des données. Chaque médecin d'une unité pilote doit soumettre son jeune patient à un questionnaire socio-économico-familial précis et doit remplir une grille de suivi du protocole. La collecte des données aboutira à une étude qui durera trois ans. Le vrai défi est peut-être dans cette étude. Elle permettra en effet de faire un bilan des problèmes rencontrés et un état des lieux d'une première tentative thérapeutique en oncologie pédiatrique en Afrique, sur une grande échelle. Elle est aussi destinée à préparer d'autres entreprises à venir.
L'histoire de l'oncologie pédiatrique franco-africaine remonte à dix ans. La patience, la motivation, la volonté et la persévérance de certains médecins africains ont incité au développement de ce partenariat qui a abouti, en octobre 2000, à la création du GFAOP et, on l'espère, à la guérison des enfants.
GFAOP, institut Gustave-Roussy, Pr Lemerle, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif Cedex France. Tél. 01.42.11.54.11.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature