E-cigarette : un cas de pneumopathie grave au Canada ravive les interrogations

Publié le 23/11/2019
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Crédit photo : www.cmaj.ca

Une fois de plus, la cigarette électronique est sur la sellette… Dans un article publié jeudi, une équipe canadienne vient de rapporter un cas de pneumopathie grave liée au vapotage avec des lésions pulmonaires inédites, suggérant l’intervention d’un autre mécanisme pathogène que celui suspecté aux États-Unis.

Décrit dans le journal de l'association médicale canadienne (CMAJ), ce cas a été observé chez un patient de 17 ans en bonne santé jusque-là. Après avoir vapoté intensément des liquides aromatisés additionnés de produits à base de THC, le jeune homme s’est présenté aux urgences pour toux incoercible, dyspnée progressive et malaise. L’examen clinique initial a mis en évidence une fièvre, des crépitants bilatéraux une tachycardie et une hypercapnie. Le scanner montrait des images nodulaires centrolobulaires dites en « arbre en bourgeon ». Tous les prélèvements bactériologiques se sont révélés négatifs.

Après une antibiothérapie initiale inefficace, le jeune vapoteur a dû être intubé et ventilé du fait d’une hypercapnie réfractaire. Une double greffe des poumons a même été envisagée, avant que son état ne finisse par s'améliorer grâce à une corticothérapie intensive. Après une hospitalisation de 47 jours le jeune homme a finalement pu rentrer chez lui mais il garde des séquelles respiratoires.

Le diacétyle pointé du doigt

Comme le souligne un éditorial accompagnant l’article, ce cas est intéressant car les lésions pulmonaires diffèrent de celles observées jusque-là aux États-Unis où plus 2 000 cas d’ "Evali" (e-cigarette or vaping product use-associated lung injury) ont été recensés. Alors que chez les patients américains l’atteinte était alvéolaire avec des lésions évoquant des brûlures chimiques, pour le jeune canadien, les médecins ont conclu à une bronchiolite oblitérante.

Jamais rapporté jusque-là à l’utilisation de la cigarette électronique, ce type d’atteinte avait déjà été décrit chez des ouvriers travaillant dans une usine de pop-corn et qui avaient inhalé accidentellement du diacétyle. Utilisé par l'industrie alimentaire comme rehausseur de goût, ce composé aromatique est aussi présent dans de nombreux liquides de cigarette électronique.

Alors qu’aux États-Unis, les huiles de vitamine E ajoutées par les consommateurs ont été incriminées, dans le cas présent les soupçons s’orientent donc plutôt vers un composé aromatique. Même si, comme le soulignent les auteurs, « les mécanismes et les agents causals exacts restent pour le moment inconnus ». 

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr