Du paracétamol pendant la grossesse augmente le risque d’infertilité pour les garçons

Publié le 22/05/2015
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Une étude écossaise suggère que la prise régulière de paracétamol chez les femmes enceintes augmenterait le risque de troubles reproductifs chez les bébés mâles. De nombreuses infertilités masculines de l’adulte jeune seraient dues à un défaut de production de testostérone à un moment critique chez le fœtus.

Dans un modèle de xénogreffe, une étude publiée dans « Science Translational Medicine » suggère que l’exposition régulière au paracétamol pendant la grossesse pourrait diminuer le taux de testostérone testiculaire et donc entraîner une infertilité future.

Les troubles de la reproduction masculine, à la naissance (crytptorchidie, hypospadias) et de l’adulte jeune (sperme anormal, cancer testiculaire), plutôt fréquents, semblent en augmentation. Pour autant, les facteurs influençant la testostérone fœtale restent mal compris, avec peu de preuves collectées en faveur de l’hypothèse d’une moindre exposition aux androgènes in utero.

La prise ponctuelle innocentée

Selon l’équipe de Rod Mitchell à l’université d’Édimbourg, la prise régulière de paracétamol est une piste à étudier sérieusement. Dans un modèle murin de xénogreffe (souris castrées portant des testicules d’origine humaine), la prise du médicament à dose thérapeutique tous les jours pendant 7 jours a réduit de 45 % la testostérone plasmatique et de 18 % le poids des vésicules séminales. La prise ponctuelle de paracétamol sur une journée s’est révélée sans conséquence aucune.

Pour les auteurs, les résultats issus d’un modèle de xénogreffe ne permettent pas d’établir des recommandations sur ce qui pourrait être une utilisation sans danger ou à l’inverse risquée pour une femme enceinte. Ils estiment néanmoins qu’il serait raisonnable « d’éviter la prise régulière en cours de grossesse si possible », ce que les données épidémiologiques avaient fortement suggéré en montrant un lien avec un risque augmenté de cryptorchidie chez les garçons.

Science Translational Medicine, publié en ligne le 20 mai 2015
Dr Irène Drogou

Source : lequotidiendumedecin.fr