ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
E N s'appuyant sur l'évocation du saint de référence (saint Antoine l'Egyptien) dont le dépôt des reliques sur le lieu, le village de la Motte-aux-Bois, va entraîner, comme c'est toujours le cas, une dynamique économique et religieuse, concrétisée par l'édification d'une abbaye qui s'inscrit dans une vaste géographie de la piété, dont l'Europe, et la France en particulier, a conservé quelques prestigieux souvenirs.
L'exposition s'articule sur l'histoire spécifique du lieu, elle le relie aux grands courants des pèlerinages, mais, plus originale, elle souligne son rôle médical. Pour lutter contre la lèpre, la peste et le mal des Ardents entraînant un inexorable sillage de milliers de victimes, les moyens thérapeutiques mis en place par les hospitaliers antonins résident dans l'administration de remèdes confectionnés à partir de plantes médicinales (dont le baume). Guérir l'âme, c'est aussi guérir le corps (musée départemental Saint-Antoine l'Abbaye, Isère).
Du monde de la charité, on passe à celui de l'ostentation mondaine avec l'exposition « le Retour d'Esther » (château de la Roche-Guyon, jusqu'au 19 août).
Le château repris en main par le conseil général du Val-d'Oise, fut un haut lieu de la vie culturelle, surtout quand la duchesse d'Enville y tient salon que fréquentent les beaux esprits du siècle des Lumières. Sur le thème d'Esther, ce sont quatre tapisseries de la manufacture des Gobelins tissées d'après des cartons de Jean-François de Troy qu'accompagne un beau mobilier signé Nicolas Heurtaut.
L'exposition évoque ainsi la personnalité d'une habitante du château, Louise Elisabeth duchesse d'Enville, avec ses portraits et ceux des acteurs de sa vie sociale, ainsi que des dessins et des aquarelles qui montrent l'évolution du château lui-même, au cours du XVIIIe siècle, dont un émouvant Hubert Robert qui fut familier du lieu.
Nouveau et radical changement de ton avec l'exposition des dessins et des pastels de Paul Ranson (musée de Pont-Aven, jusqu'au 25 juin). Il est ici à sa place.
Il fut l'intermédiaire entre l'activité picturale du pittoresque port breton, où dominait la figure fascinante de Gauguin, et du petit groupe de ses amis parisiens qui se réunissent dans son atelier, 25, bd de Montparnasse, sous le label ésotérique des nabis. Une académie perpétue le nom de cet artiste qui s'inscrit bien dans l'esprit « fin de siècle », avec un mélange de sensualité maladive, de finesse érotisée et de symbolisme arrachant la réalité à ses lourdeurs pour recréer un monde idéalisé.
Le musée d'Art moderne de Villeneuve-d'Ascq propose sous le titre « le Fauvisme en noir et blanc » (jusqu'au 8 mai) une centaine d'estampes et de livres illustrés réalisés par les artistes fauves, leurs précurseurs (Gauguin, Maillol, Munch, Valloton, Valtat) et les expressionnistes allemands qui sont leurs contemporains (Heckel, Kirchner, Schmidt-Rottluff). L'exposition s'appuie sur un bel ensemble de gravures de Derain (mais également Dufy, Friesz, Manguin, Marquet, Matisse, Picasso, Valtat, Vlaminck). Une manière aussi de souligner les rapports toujours fructueux avec la poésie. Ici, Derain et Dufy illustrant des textes d'Apollinaire.
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