Ces confrères qui ont choisi l'étranger

Dr Rémi Chamberod, à Lausanne, le jeune angiologue trouve enfin ses marques

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Publié le 03/08/2018
Chamberod

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Crédit photo : DR

C'est contraint par la pauvreté des offres en médecine vasculaire et la recherche d'une stabilité professionnelle que Rémi Chamberod, jeune médecin lyonnais, s’est résolu à quitter son pays. Il s'est engagé par défaut dans le système médical suisse. Prosaïque, il affirme pourtant ne pas être un militant de l’exil médical.

« Nous venons colmater les effectifs insuffisants de la Suisse. Je suis une minorité visible, je suis leur immigré », lâche, réaliste, le lyonnais Rémi Chamberod. Ce trentenaire a fait l'ensemble de ses études dans la capitale des Gaules et aurait dû y rester si le sort ne l'avait décidé autrement. Médecin en chirurgie vasculaire, il a d'abord fait de nombreux remplacements sur l’ensemble de la Bourgogne. Mais sans vraiment de perspectives, dit-il. Le jeune angiologue se souvient « avoir travaillé dans toutes les cliniques lyonnaises et grenobloises, mais après trois années à courir, à faire des remplacements et des kilomètres… Je n’en voyais pas le bout. »

En Suisse, son avenir s'éclaircit

Situation pas désespérée mais fragile… Et c'est alors qu'il rencontre un médecin en chirurgie vasculaire qui partait régulièrement exercer à la clinique de Genolier, entre Genève et Lausanne et a fini par quitter la France pour s'installer définitivement en Suisse. C’est l'exemple que l'angiologue va suivre.

À partir de son arrivée en Suisse, en 2014, son avenir professionnel prend une autre tournure. D'abord médecin assistant (équivalent d'un interne français), Rémi Chamberod a été nommé chef de clinique au service d’angiologie du CHUV (centre hospitalier universitaire vaudoix) de Lausanne. C'est lui désormais qui encadre les médecins assistants ! Et depuis 2016, il a une activité d'angiologue indépendant à la clinique de Genolier.

Le praticien tient cependant à conserver une activité à l’hôpital cantonal, par reconnaissance envers la structure qui l’a formé et lui a permis d'obtenir le titre de spécialiste. C'est là que l'angiologue a bénéficié d'une formation structurée et outillée : « On a un référent qui est disponible et vous suit vraiment, c'est l’hôpital qui se charge lui-même de la formation théorique et les médecins ont des assistants qui allègent la charge administrative. »

Le voici désormais membre de la Fédération des médecins suisses, la FMH. Beau parcours qui est une sacrée revanche sur la course aux remplacements français ! À l'évidence « la qualité de vie au travail et les carrières sont bien meilleures », souligne aussi le Dr Chamberod.

Montrer quand même patte blanche

Mais avant d'en arriver là, quels sacrifices ! « Je suis parti 3 ans, seul, en vivant en colocation à Leval dans le Nord de la Suisse, je ne voulais pas déménager mon foyer pour rien. » Pour avoir le droit d'exercer en indépendant, il faut en effet obtenir « un droit de pratique » octroyé par le canton, seul maître de sa population médicale. Premier refus pour Rémi Chamberod. Mais au bout de 2 ans d'exercice universitaire, un confrère helvète et candidat à la retraite lui transfère son droit de pratique. Un mois plus tard, Le praticien est paré pour une pratique libérale, mais limitée au district de Nyon. « C’est un peu par vengeance, et cela n'arrange en rien la problématique des déserts médicaux suisses », souffle le médecin.

Un circuit de paiement d'honoraires original

Pour l'heure, le Dr Chamberod ne se plaint pas. Côté revenus, il n'y a pas photo. A preuve les 1450 euros d'un interne en France pour 5 500 francs suisses (4 800 euros) de l'autre côté de la frontière… En ce qui le concerne, Rémy Chamberod, apprécie le mode de facturation pratiqué. « Je peux prendre le temps pour les examens nécessaires et pour tout expliquer au patient qui ne paye rien directement mais seulement après avoir été remboursé par son assurance, une fois la facture arrivée chez lui. » Ce circuit de paiement, propre à la Suisse, entraîne un délai de trois mois avant que les honoraires soient payés.

Un inconvénient visiblement pas rédhibitoire aux yeux Dr Chamberod qui loue une idéale qualité de vie et de travail: «Je travaille dans une clinique au milieu des vaches. » Finalement, le médecin français n'a qu'un seul regret : « Mon petit individu est content mais d’un point de vue sociétal c’est le constat d’un gâchis. Le système français médical ne m’a pas permis de rester.


Source : lequotidiendumedecin.fr