U N pas de plus vient d'être franchi dans la compréhension du mécanisme de diffusion métastatique et du rôle de l'héparine grâce à une équipe du centre de recherche de La Jolla en Californie. Elle a consigné toutes les observations disparates sur le sujet et étudié in vitro et in vivo, les interactions entre les plaquettes, la cellule tumorale et l'héparine.
Plusieurs études ont montré que les adénocarcinomes exprimant un certain type de mucines (prolongées par de grandes chaînes sucrées) ont un moins bon pronostic du fait d'une dissémination métastatique plus forte. On sait aussi que les métastases carcinomateuses, chez la souris, sont facilitées par la formation de complexes entre les cellules carcinomateuses et les plaquettes. A l'inverse, le processus métastatique est ralenti en cas d'absence de P-sélectine à la surface des plaquettes ou de traitement par héparine.
Pour comprendre les mécanismes moléculaires mis en jeu dans la dissémination métastatique, les chercheurs californiens ont utilisé un modèle expérimental de métastases de tumeurs humaines sur des souris immunodéficientes. Des ligands recombinants de P-sélectine humaine et murine étaient mis en contact avec des cellules d'adénocarcinomes coliques humains productrices de mucine. L'objectif était d'une part d'étudier la relation plaquette-cellule tumorale et, d'autre part, l'effet de doses croissantes d'héparine. L'héparine s'est avérée avoir une action inhibitrice sur les interactions précoces entre la mucine de la cellule tumorale et la P-sélectine des plaquettes. L'étude comparée de l'efficacité en fonction des doses a montré que la P-sélectine humaine est plus sensible à l'héparine que celle de la souris. D'après ces résultats expérimentaux, une inhibition de la liaison mucine-plaquette peut être obtenue avec des concentrations cliniquement acceptables.
Les chercheurs ont confirmé leurs résultats en obtenant une réduction des interactions entre les cellules tumorales et les plaquettes ( in vitro et in vivo) par trois moyens expérimentaux : une suppression sélective du site de réception de la P-sélectine à la surface des cellules cancéreuses, une dose unique d'héparine et un déficit préalable en P-sélectine. Bien que ces trois moyens expérimentaux ne soient efficaces, in vivo, que quelques heures, tous réduisent de manière significative le nombre de métastases à long terme chez la souris.
Trois mécanismes interfèrent avec l'enrobage
La reconstitution en trois dimensions des événements montre que les trois mécanismes interfèrent avec « l'enrobage » des cellules tumorales par les plaquettes. D'où une meilleure efficacité du système immunitaire car les monocytes (précurseurs macrophagiques) peuvent interagir avec les cellules tumorales.
L'héparinothérapie en prévention des métastases cancéreuses devrait par conséquent être reconsidérée malgré les échecs des essais cliniques antérieurs maintenant que l'on connaît son mécanisme d'action.
Lubor Birsig et coll, «Proc Natl Acad Sci », 13 mars 2001, vol. 98, N° 6, pp. 3352-3357.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature