Dans le contexte de pénurie ophtalmologique qui s’installe, nous devons réorganiser nos consultations de façon à privilégier les patients ayant une pathologie et orienter vers les orthoptistes les simples contrôles visuels.
L’idée m’est venue lors de ma présidence du syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF). J’avais consacré le vendredi à l’activité syndicale et mon orthoptiste, dédié primitivement au travail aidé, n’avait aucune activité, alors même que la demande de rendez-vous était très forte. J’ai donc décidé d’offrir aux patients qui n’avaient besoin que de lunettes une prise en charge réfractive effectuée par un orthoptiste, en mon absence. Le contrôle du contenu du dossier et de la qualité de la prestation s’effectuant quelques jours plus tard, lors de la rédaction de l’ordonnance. Cette activité s’est poursuivie environ un an et demi de façon complètement gratuite pour les patients, sans d’ailleurs qu’aucun ne s’en émeuve !
En accord avec mon ARS Pays de la Loire, j’ai alors utilisé une procédure particulière de validation, connue sous le terme « d’article 51 ». Après cinq ans d’efforts, et de nombreuses étapes, le ministère de la santé a validé ce mode de prise en charge et il est aujourd’hui accessible à tout ophtalmologiste sans formalité. Ce protocole offre la possibilité aux patients, âgés de plus de six ans et de moins de 50, qui souhaitent renouveler leurs lunettes, d’être pris en charge par un orthoptiste qui travaille chez un ophtalmologiste. Au moment où j’écris ces lignes, l’orthoptiste doit être salarié de l’ophtalmologiste, mais cette restriction va bientôt disparaître et il pourra être libéral. Les conditions pour inclure le patient dans ce protocole sont strictes : il ne doit y avoir aucune autre demande que celle de son renouvellement de lunettes, c’est-à-dire qu’il ne doit souffrir d’aucune baisse brutale de la vision, d’aucune douleur ni d’aucune rougeur oculaire.
Satisfaction des patients
La prestation de l’orthoptiste comprend un interrogatoire, pour vérifier que les conditions d’inclusion sont respectées, une réfraction, un contrôle de l’équilibre oculomoteur, une mesure de la pression intraoculaire pour les adultes, et des photos des rétines.
Le dossier doit être analysé par l’ophtalmologiste dans les huit jours et, la plupart du temps, l’ordonnance de lunettes sera alors envoyée aux patients. Dans mon expérience, seulement 1,5 % des patients nécessitent d’être revu par l’ophtalmologiste. Les études faites par l’ARS Pays de la Loire montrent aussi un indice de satisfaction des patients extrêmement élevé. L’avantage pour eux est de ne pas subir des délais déraisonnables, alors même que leur demande est simple et que leur tranche d’âge laisse supposer l’absence de pathologie sous réserve de disposer de photographies rétiniennes de bonne qualité.
L’autre condition pour entrer dans le protocole est que le patient soit connu du cabinet ou, au moins, qu’il ait la copie du dossier d’un confrère l’ayant vu depuis moins de cinq ans.
Cette activité a actuellement un tarif de 23 €, remboursés à 100 % par la sécurité sociale mais, en mai 2018, la cotation atteindra 28 €, dont 70 % seront pris en charge par la sécurité sociale et 30 % par les assurances complémentaires. Il est nécessaire de préciser qu’aucun dépassement n’est possible.
Si le travail aidé a permis d’augmenter d’environ 30 % le flux de patients, ce nouveau dispositif permettra d’accroître le flux de patient de 30 % supplémentaires, sous réserve d’avoir des heures d’orthoptiste disponibles.
Le Mans
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