En France, le don de gamètes s’adresse à des couples hétérosexuels en âge de procréer, qui, pour leur projet parental, doivent recourir à une assistance médicale à la procréation (AMP) avec don, soit pour remédier à une infertilité médicalement diagnostiquée de l’un des membres du couple, soit pour éviter la transmission à l’enfant ou à l’un des membres du couple d’une maladie grave.
Concernant le don d'ovocytes, les délais d'attente restent très importants pour les couples receveurs. « Les couples français partent, très souvent, à l'étranger pour obtenir un don d'ovocytes. D'ailleurs, le Centre National des Soins à l'Etranger (CNSE) de l'Assurance Maladie finance, en partie, ces prises en charges hors de France dans la limite de 4 tentatives incluant les échecs antérieurs de fécondation in vitro et jusqu'au 43ème anniversaire de la receveuse », souligne le Pr Paul Barrière, chef du pôle hospitalo-universitaire « femme-enfant- adolescent », responsable du centre AMP du CHU de Nantes. Chaque année, ce sont ainsi 6 000 à 8 000 couples qui obtiennent un don d'ovocytes en dehors du territoire français. La spécificité et la rigueur éthique de la législation française (anonymat, gratuité) expliquent cette « fuite » de patients infertiles à l'étranger où les règles encadrant le don de gamètes sont différentes.
Les femmes sans enfants concernées
La révision de la loi de bioéthique - effectuée en juillet 2011 - a maintenu les principes encadrant le don de gamètes depuis 1994. Néanmoins, le décret d'application de la loi de bioéthique, publié fin 2015, assouplit les conditions du don. Désormais, toutes les femmes âgées de 18 à 37 ans, avec ou sans enfant, et en bonne santé peuvent donner leurs ovocytes. « Avant le décret d'application, seules les femmes ayant déjà procréé pouvaient effectuer un don d'ovocytes. Ce qui constituait un élément de limitation majeur des dons. En effet, il est beaucoup plus compliqué pour les femmes en couple avec enfant de donner leurs gamètes (arrêt nécessaire de la contraception, manque de temps...) », précise le Pr Barrière. Autre facteur limitant : les femmes donnent naissance à leur premier enfant à un âge de plus en plus avancé. Or, plus les femmes sont jeunes plus l'efficacité du don d'ovocyte augmente. « Avec le décret d'application, ces limitations tombent. Par ailleurs, les donneuses sans enfant peuvent, si elles le souhaitent, conserver une partie des ovocytes pour elles-mêmes en vue de préserver leur fertilité future à l’occasion de ce don. Car bien des femmes sont hypofertiles bien avant d'être ménopausées », note le Pr Barrière. Cette disposition met, toutefois, mal à l'aise certains spécialistes car elle risque d'aller à l'encontre du don gratuit et désintéressé. « En effet, certains praticiens craignent qu'avec le recul de l'âge du désir d'enfant, de plus en plus de femmes donnent, désormais, leurs ovocytes uniquement à visée personnelle puisque l'autoconservation sociétale d'ovocytes n'est autorisée en France qu'à l'occasion du don d'ovocytes », confie le Pr Barrière.
Un nouveau centre à Nantes
Une trentaine de centres sont impliqués dans le don d'ovocytes en France. Pour répondre aux attentes de nombreux couples de la région grand Ouest, le CHU de Nantes a obtenu fin 2016 l’autorisation de débuter l’activité de don d’ovocytes. « Nous avons mené, pour cela, une vaste campagne d'information ciblant les femmes jeunes ; une population qui, auparavant, ne se sentait pas concernée par le don d'ovocytes. Nous pensons recevoir beaucoup de donneuses candidates », indique le Pr Barrière. Souvent éprouvant d'un point de vue physique et psychique, le don d'ovocytes impose notamment la réalisation d'une stimulation multifolliculaire et d'une journée d'hospitalisation pour le prélèvement. Au préalable, la donneuse potentielle doit passer plusieurs entretiens médicaux, une évaluation de la fonction ovarienne (prise de sang et échographie) ainsi qu'une évaluation avec un généticien. « Enfin, si l'entretien psychologique est conseillé aux donneuses ayant déjà procréé, il est obligatoire pour les donneuses sans enfant », conclut le Pr Barrière.
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