Syndrome du bébé secoué

Des critères revus et objectifs

Publié le 19/11/2018
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BB secoué

BB secoué
Crédit photo : PHANIE

Les recommandations aux professionnels portant sur le diagnostic du syndrome du bébé secoué (SBS) et ses suites juridiques émises par la Haute Autorité de santé (HAS) et la Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer) en 2011 ont été actualisées en 2017 (1). Elles résultent d’avis d’experts et d’une étude minutieuse de la littérature médicale internationale menée sur la base de la valeur scientifique (méthode HAS de recommandations de bonne pratique) et de l’absence de conflit d’intérêts des auteurs. La qualité et la rigueur de ce travail ont été soulignées par la revue Prescrire (2).

 

Un pronostic sombre

Ce syndrome concerne tous les milieux sociaux. Plusieurs centaines d’enfants de moins de 1 an en sont victimes par an en France. Dans deux tiers des cas, il s’agit de nourrissons de moins de 6 mois.

Les lésions les plus fréquemment retrouvées sont l’hématome sous-dural multifocal, la rupture des veines ponts et les hémorragies rétiniennes.

Le pronostic est sombre. En effet, plus de 10 % des enfants en meurent. Trois quarts des survivants gardent des séquelles, souvent très invalidantes, à vie.

Le secouement est un geste d’une très grande violence, comparable à un accident de la voie publique à haute cinétique. Il est le plus souvent répété. Il n’a rien de commun avec des traumatismes bénins, des chutes de faible hauteur ou des gestes de maternage même inadaptés.

 

Savoir y penser

Le SBS doit être envisagé très facilement dans des situations cliniques d’allure banale : vomissement, pâleur, changement de comportement, hypotonie, somnolence… De nombreux diagnostics sont manqués initialement. En effet, le plus souvent il n’y a pas de lésion d’allure traumatique apparente.

En outre, il est essentiel de détecter les tout premiers traumatismes infligés afin d’éviter leur réitération sous des formes plus graves, comme le secouement. C’est la raison pour laquelle on doit hospitaliser tout enfant présentant des lésions d’allure traumatique (ecchymose, hématome, fracture…) sans explication plausible, plus particulièrement avant l’acquisition de la faculté de déplacement.

 

Alerter, hospitaliser

De façon novatrice dans ces recommandations, les critères diagnostiques ont été fondés exclusivement sur les lésions objectivées chez l’enfant lors du bilan hospitalier et l’histoire rapportée par l’adulte (incohérence). Les facteurs de risque ne sont plus nécessaires pour établir le diagnostic.

Face à une suspicion de SBS, la démarche comporte deux étapes principales :

● L’alerte est cruciale. Il faut savoir penser à la violence et au secouement devant des manifestations cliniques variées allant du malaise aigu à des manifestations plus chroniques (augmentation anormale du périmètre crânien, arrêt ou ralentissement du développement psychomoteur de l’enfant, vomissements isolés répétés…), examiner minutieusement l’enfant, mesurer son périmètre crânien, le rapporter à sa courbe et, au moindre doute, l’hospitaliser ;

● À l’hôpital, le scanner cérébral est l’examen diagnostique clé de première intention. Il convient ensuite d’éliminer certains diagnostics différentiels rares (hémopathie, méningite, maladie métabolique…) et de procéder au bilan lésionnel complet.

Soulignons enfin qu’il a été démontré que les lésions du SBS ne pouvaient être induites par une chute de faible hauteur, une manœuvre de réanimation, un trouble de l’hémostase sans traumatisme associé, une hydrocéphalie externe, etc.

 

« Le secouement est un geste d’une très grande violence comparable à un accident de la voie publique à haute cinétique »

* Ancienne chef du pôle de rééducation enfants des hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne), présidente du groupe de travail HAS 2017, experte agréée par la cour de cassation

** Pédiatre et médecin légiste (CHU de Rennes ; APHP), experte près la cour d’appel de Rennes, présidente de la Société française de pédiatrie médico-légale

Drs Anne Laurent-Vannier* et Martine Balençon**

Source : Bilan Spécialiste