L A dépression ne pose pas de difficulté diagnostique au médecin quand elle se présente dans sa forme caractéristique : trouble de l'humeur avec tristesse, péjoration de soi et du monde avec éventuellement idée suicidaire, s'accompagnant d'un désintérêt, de difficultés de concentration, d'asthénie, d'anxiété (pratiquement toujours présente) qui augmentent le potentiel suicidaire. Comme le précise le Pr M. Ferreri (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), les personnes tristes en raison d'une crise existentielle ou d'un deuil peuvent encore récupérer par moment leurs capacités habituelles, tandis que les déprimés sont complètement envahis par la tristesse et présentent un défaut de mobilisation des affects positifs quoi que fassent les proches ou les amis.
En médecine de ville, la difficulté diagnostique apparaît lorsque d'autres troubles sont au premier plan : troubles somatiques (souvent majorés le matin), troubles anxieux, ou troubles du comportement tels que des troubles du caractère marqués par une irritabilité, une conduite d'alcoolisation récente, des troubles d'allure névrotique avec phénomènes phobique ou obsessionnel. « Tout en évitant l'inflation du diagnostic de dépression, il est capital de poser le diagnostic dans les cas difficiles dont le risque est toujours présent, bien que difficilement repérable sur les éléments cliniques, notamment chez l'adolescent », note le Pr Ferreri.
En contact avec l'entourage du malade
Pour le médecin généraliste, il est essentiel d'être en contact avec l'entourage du malade ou d'autres professionnels de santé qui pouvent rapporter des signes importants contribuant au diagnostic. L'hospitalisation d'un patient déprimé doit être envisagée en cas d'idées envahissantes de mort et de suicide, d'une symptomatologie délirante ou d'un alcoolisme intense. Les dépressions qui ont résisté à un traitement médicamenteux bien conduit (souvent avec des troubles de la personnalité ou la persistance de situations dépressiogènes), ou certaines formes chroniques de la dépression, nécessitent un suivi spécialisé. Quant à la psychothérapie, sa mise en route dépend autant du trouble que du patient, de son désir d'engagement et de sa capacité de verbalisation et d'élaboration.
En ce qui concerne les patients déprimés âgés, il est recommandé de recourir en première intention aux antidépresseurs de nouvelle génération, tels que les inhibiteurs de recapture de la sérotonine, qui offrent une sécurité d'emploi et une rémission de l'épisode dépressif dans près de 70 % des cas. En outre, il convient de rappeler que les particularités évolutives des troubles affectifs du sujet âgé nécessitent de recourir aux antidépresseurs de façon prolongée.
Force est de constater que la dépression est une pathologie fréquemment rencontrée en institution gériatrique, avec une prévalence allant de 20 à 40 %, souvent sous forme masquée, à savoir des formes anxieuses plus ou moins bruyantes ou à l'inverse anhédoniques, insidieuses et évoluant à bas bruit. Il ne faut pas perdre de vue que l'admission en institution correspond à une expérience de deuil difficile et que l'isolement affectif et sensoriel constitue un facteur de risque de dépression. Or, il existe actuellement une grande diversité de possibilités de soins et d'accueil en France.
MEDEC. Conférence de presse des Laboratoires Lundbeck.
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