«L ES maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité en France, soit 180 000 morts par an, dont 10 % concernent des moins de 65 ans, affirme le Dr Jean-François Thébaut (rythmologue, hôpital privé Nord parisien, Sarcelles). La mort subite est responsable de la moitié des décès, l'autre moitié étant liée à l'insuffisance cardiaque progressive. Les trois quarts des morts subites sont dues à un trouble du rythme cardiaque grave, prenant naissance dans le ventricule. »
La tachycardie ventriculaire, rythme cardiaque très rapide, est le prélude de la fibrillation ventriculaire. Cette dernière « est caractérisée par une anarchie électrique induisant une désynchronisation de la contraction des ventricules qui se traduit cliniquement pas une perte de l'efficacité hémodynamique du cur et la chute rapide de la pression artérielle entraînant la perte de connaissance, puis la mort en quelques minutes », explique le Dr Alain Ducardonnet (cardiologue, institut Cur Effort Santé, Paris).
La défibrillation par choc électrique grâce à un défibrillateur externe est le seul moyen dans ce contexte de sauver le patient. Aujourd'hui, ces patients à haut risque de récidive, réanimés avec succès, peuvent bénéficier d'un défibrillateur automatique implantable (DAI), appareil qui a subi des transformations technologiques importantes depuis sa première utilisation en 1980. Le DAI est capable de reconnaître et d'interrompre automatiquement le trouble du rythme cardiaque mortel survenu inopinément. « L'efficacité du DAI a été scientifiquement démontrée ; il peut sauver la vie du patient en toutes circonstances ; aucun antiarythmique ne peut apporter cette sécurité », souligne le Dr Jean-François Leclercq (cardiologue, centre médico-chirurgical de Parly II-Le Chesnay).
Les recommandations françaises
Fort de toutes ces considérations épidémiologiques et physiopathologiques, à l'instar de ses homologues américains et européens, la Société française de cardiologie vient de publier ses recommandations sur les indications du DAI :
- patients aqui ont eu une mort subite récupérée en l'absence d'accident ischémique aigu ;
- tachycardie ventriculaire spontanée liée à une lésion ischémique ou une cardiomyopathie sous-jacente ;
- indication prophylactique dans le cadre de troubles du rythme non soutenus liés à une cardiopathie sévère.
Toutes ces indications ont reçu l'approbation de la communauté scientifique internationale et ont été validées par des études contrôlées. Mais même si, aujourd'hui, les indications du DAI sont bien définies, la France est très en retard sur les possibilités d'implantation de cet appareil par rapport aux autres pays européens. « Les aspects structurels et réglementaires sont autant de freins à la diffusion de cette technologie innovante », rappelle le Dr Jean-François Thébaut. En milieu hospitalier, l'implantation de DAI relève d'un choix budgétaire « dépendant en partie de la conviction des médecins eux-mêmes sur l'efficacité de la technique », dans les centres experts privés, l'absence de prise en charge de cette thérapie est un élément important du retard accumulé par la France. « Face à ces difficultés, les médecins, et les cardiologues en particulier, ont, par lassitude, un peu baissé les bras, oubliant d'adresser les bonnes indications », affirme le Dr Leclercq.
Comme l'espère le Pr Samuel Lévy (chef de service de cardiologie, hôpital Nord, Marseille), l'officialisation des recommandations de la Société française de cardiologie va sans doute permettre d'améliorer l'identification des patients pouvant bénéficier de cette technologie. Du moins, c'est un souhait que les cardiologues ont ardemment formulé.
« Prévention de la mort subite chez l'adulte », réunion organisée avec le soutien du groupe Défibrillateur Implantable du Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM).
Société française de cardiologie : 15, rue Cels, 75014 Paris. Tél. 01.43.22.33.33.
Trois années de vie gagnées
Le défibrillateur automatique implantable, d'une durée de vie de 5 à 6 ans, s'est simplifié. Sa réduction de taille permet de réaliser une implantation en position sous-claviculaire, alors qu'elle était effectuée auparavant en position épicardique.
C'est, en général, un appareil double chambre à la fois ventriculaire et auriculaire. Une fois implanté, un test de fonctionnement du DAI est réalisé ; il nécessite d'induire une fibrillation ventriculaire et de constater le choc délivré par l'appareil pour retrouver un rythme sinusal. « Même si cette manuvre qui consiste à tuer le malade avant de le ressusciter peut paraître dangereuse, il y a très peu d'accidents. Néanmoins, il est évident que cette technique ne peut être mise dans les mains de n'importe quel médecin », a tenu à souligner le Dr Leclercq . L'implantation d'un tel matériel permet d'augmenter l'espérance de vie de trois ans, en moyenne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature