La neurologie est en l'an 2001 une spécialité jeune, décrite dans le Livre blanc comme une sorte de « start-up » médicale, séparée de son tuteur, la neuropsychiatrie, depuis une trentaine d'années.
A la lecture du Livre blanc, l'exercice de la neurologie française a subi une métamorphose. C'est le sentiment du Dr Jean Vrigneaud, coordinateur principal de l'ouvrage et président du Syndicat national des neurologues, pour qui « l'exercice de la neurologie s'est considérablement modifié ces dernières décennies. Plusieurs innovations sont à l'origine de ce changement : l'apparition de l'imagerie performante, non invasive, permet des diagnotics rapides de plus en plus précis, la diffusion des explorations neurophysiologiques et plus récemment la formation des neurologues aux méthodes neuropsychologiques permet d'affiner les diagnostics des troubles cognitifs. »
Parallèlement, de nombreux médicaments innovants sont apparus sur le marché ; ils sont indiqués dans des pathologies qui, jusqu'à présent, n'avaient pas de traitement spécifique. La neurologie est passée du stade descriptif au stade prescriptif. « Le neurologue, comme l'affirment dans un des chapitres les Drs Hubert Dechy et Olivier Joyeux, est aujourd'hui considéré comme un thérapeute dispendieux dans certaines pathologies dégénératives ou à supports immunitaires, qu'il s'agisse par exemple des démences de type Alzheimer ou apparentées, ou de la SEP, ou des polyradiculonévrites. De contempleur, il est devenu ardent prescripteur. »
Toutefois, en dépit de ces progrès très sensibles, les spécialistes aiment rappeler que la sémiologie reste, même au XXIe siècle, une constante préoccupation de la spécialité. Selon eux, la neurologie a su garder une attitude toujours prudente et mesurée dans le recours aux explorations complémentaires et aux thérapies agressives et coûteuses. Cette attitude visant à privilégier la réflexion sur l'action n'a pas empêché l'évolution spectaculaire aujourd'hui.
Le modernisme et la perfection des méthodes d'investigation sont à l'origine de la surspécialisation dans de nombreux sous-groupes de pathologie. Face à ce courant, la communauté des neurologues français, tout en demeurant à l'origine de la décision thérapeutique des maladies à symptômes neurologiques, plaide pour le développement de la pluridisciplinarité de consultations multimodales et consensuelles, nécessaires à la prise en charge des malades.
Enfin, l'avenir de la neurologie du XXIe siècle est lié, pour un grand nombre de maladies neurodégénératives, à la biologie moléculaire, à l'immunologie et à la thérapie génique et cellulaire. Cette démarche de progrès dans laquelle s'inscrit la neurologie ne se fera pas sans nouvelle réflexion éthique, rappelée dans le dernier chapitre du Livre blanc.
De contempleur, le neurologue est devenu prescripteur
Publié le 08/04/2001
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Dr Sylvie LE GAC
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6894
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