Covid-19 : plus de 30% des patients présenteraient des troubles psychiatriques ou neurologiques à 6 mois

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Publié le 08/04/2021
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Covid-19 pourrait bel et bien être associé à des effets psychiatriques et neurologiques à long terme. Et ce relativement fréquemment. Telle est la conclusion d’une vaste étude anglaise publiée dans le Lancet Psychiatry. Selon ce travail, la prévalence de ce type de troubles pourrait s’avérer telle, qu’à 6 mois du diagnostic, plus d’un tiers des patients seraient concernés.

Au fur et à mesure que la pandémie se poursuit, l’inquiétude monte quant aux éventuelles séquelles neurologiques et psychiatriques du Covid-19. Les premières craintes, « fondées initialement sur ce que l’on sait d’autres coronavirus », ont rapidement été confirmées par des séries de cas, rapportent les auteurs de l’étude. De même, depuis le début de la pandémie, les données suggérant un risque augmenté de troubles anxieux ou de l’humeur 3 mois après un diagnostic de Covid-19 se sont multipliées. « Cependant, nous avons besoin de données à grande échelle, robustes et à plus long terme pour identifier et quantifier correctement les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur [le] cerveau », estiment les chercheurs.

Ainsi ces derniers ont-ils étudié les dossiers médicaux électroniques de 236 379 patients ayant contracté le Covid-19, qu'ils ont confrontés à ceux de sujets atteints par d'autres infections (grippes ou autres infections pulmonaires).

Près de 13 % de patients diagnostiqués sans antécédents

Résultat : « l’incidence estimée d’un diagnostic psychiatrique ou neurologique dans les 6 mois [après une infection par le SARS-CoV-2] était de 33,92 % », rapportent les auteurs. Un chiffre d’autant plus important que près de 13 % des patients diagnostiqués n’avaient jamais présenté de tels antécédents.

Plus précisément, si les troubles anxieux et de l’humeur sont apparus majoritaires – à 6 mois, plus de 17 % des patients présentaient un trouble anxieux, et près de 14 % un trouble de l’humeur– d’autres pathologies, plus rares, apparaissent non négligeables. Les auteurs citent notamment une incidence anormalement haute des AVC (surtout ischémiques mais aussi hémorragiques), des troubles du sommeil, des troubles psychotiques, ou encore des démences – et une élévation du risque de contracter ce genre de pathologies chez les patients atteints de Covid-19, en comparaison aux sujets touchés par d'autres infections respiratoires. « La plupart des catégories de diagnostic [étudiées] étaient plus fréquentes chez les patients qui avaient eu le covid-19 que chez ceux qui avaient eu la grippe [...] ou d’autres infections respiratoires », s’alarment les auteurs.

Un lien avec la sévérité du covid-19

En outre, l’étude suggère que le risque de contracter ce genre de séquelles augmenterait avec la gravité du Covid-19. Ainsi, par rapport aux individus moins sévèrement atteints, les patients ayant été admis en soins intensifs présenteraient un risque près de 3 fois plus élevé de se voir diagnostiquer une maladie neurologique ou psychiatrique dans les 6 mois.

En termes d’incidence, la proportion de troubles neurologiques ou psychiatriques diagnostiqués dans les 6 mois après une infection par le SARS-CoV-2 dépasserait 38 % pour les patients hospitalisés, voire 46 % pour ceux admis en réanimation. Chez ces derniers, l’incidence des troubles anxieux atteindrait alors presque 20 %, les AVC 10 %, les troubles psychotiques 3 % et les démences 2 %.

A noter toutefois que par rapport aux troubles neurologiques, les troubles psychiatriques courants (troubles de l'humeur et de l'anxiété) « ont montré une relation plus faible avec les marqueurs de gravité du Covid-19 en termes d'incidence et de risque », remarquent les auteurs. D’après eux, les pathologies psychiatriques pourraient donc résulter davantage de conséquences indirectes de l'infection à SARS-CoV-2 que de séquelles directes de la maladie.

Quoi qu’il en soit, les séquelles à la fois neurologiques et psychiatriques du covid-19 semblent « répandues » et tenaces. Et parce qu'elles pourraient persister bien au-delà de 6 mois, les chercheurs appellent à réaliser de nouvelles études à plus long terme encore.


Source : lequotidiendumedecin.fr