L E pari de Bill Clinton au Proche-Orient est moins téméraire que la passivité diplomatique qui, elle, se traduirait sans doute par une guerre. D'une part, son projet de parvenir à un accord avant le 20 janvier semble irréalisable ; d'autre part, il a raison de dire que, après son départ, il faudra au moins six mois à la nouvelle administration pour se pencher sur le dossier.
Cependant, les deux parties, israélienne et palestinienne, n'ayant même pas pu tomber d'accord, au Caire, sur les moyens de réduire la violence, on ne peut que réagir avec scepticisme à l'idée d'un accord de fond conclu avant le 20 janvier. On voit bien que ce qui gêne le plus les négociateurs, c'est leur faible crédibilité : Ehud Barak est donné comme battu à plate couture par Ariel Sharon à l'élection du Premier ministre en février, et Yasser Arafat craint de ne pas être obéi s'il ordonne un cessez-le-feu. Pourtant, M. Clinton a tenu compte de la vague de colère palestinienne et présenté des propositions qui ajoutent un certain nombre de concessions à M. Arafat par rapport au projet de Camp David, notamment sur la partition de Jérusalem et sur la superficie de la Palestine indépendante. On notera à ce sujet que M. Barak, en acceptant de négocier sur la base des nouvelles propositions de M. Clinton, n'a pas craint non plus de donner une prime à la violence, ce qui contribue à affaiblir sa position face à l'électorat israélien.
Si les nouvelles en provenance du Caire ne sont guère encourageantes, on peut s'interroger sur les intentions de M. Arafat. Les négociateurs palestiniens n'ont cessé de dire qu'ils ne sont pas là pour faire réélire M. Barak. Les plus neutres des observateurs pourraient pourtant leur rétorquer qu'ils devraient considérer cette réélection comme un objectif tout à fait honorable. Pour eux, en effet, l'alternative n'est pas brillante : dans un mois, en effet, ils devront discuter avec M. Sharon que beaucoup d'entre eux récusent déjà. Même s'ils ont toutes les raisons d'exiger de M. Barak des éclaircissements et des assurances, ils ne sauraient concourir à la victoire électorale de M. Sharon pour dénoncer ensuite l'homme qu'ils auront mis au pouvoir et justifier a posteriori la conflagration qu'ils n'auront pas voulu empêcher.
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