«L ES associations ont la douleur de faire part des décès d'Anaïs, 30 ans, décédée mi-mars 2001, Samia, environ 50 ans, Mathias, 40 ans, etc. ». En publiant ce faire-part, des associations d'aide aux sans-domicile-fixe (SDF) veulent rompre le silence entretenu autour des décès de ceux qui « sont exclus dans la mort, après l'avoir été dans la vie ».
Ce faire-part - le troisième du genre édité par le milieu associatif -, qui comprend une vingtaine de noms de SDF, morts récemment des violences de la rue (assassinats, suicides, accidents) ou des séquelles de l'errance, sera envoyé, à la fin d'avril, au maire de Paris, Bertrand Delanoë, et aux élus, par les associations Aux captifs, la libération, La mie de pain, ATD Quart Monde et le collectif Ivry-SDF.
« On en a eu assez de voir disparaître dans l'indifférence générale ceux que nous suivons », affirme Cécile Rocca, une des responsables de l'association Aux captifs, la libération, qui compte quatre antennes parisiennes.
A la seule antenne du 92, rue Saint-Denis, on a compté 16 morts en un an sur 160 SDF inscrits, soit 10 %. « Un chiffre en forte augmentation », selon Cécile Rocca. La durée de vie moyenne des SDF serait de 44 ans, selon les associations.
« Ils meurent souvent quand ils commencent à se réinsérer, commente Cécile Rocca. Ils relâchent leurs défenses, attrapent des maladies, craquent parce qu'ils reviennent dans un système de pensée normal et se suicident, sont victimes d'accident parce que la vigilance se relâche. »
Pas de rites funéraires : quand la famille n'est pas retrouvée, le décédé attend à l'Institut médico-légal d'être rejoint par sept autres « morts sous X » pour être acheminé au cimetière parisien de Thiais (Val-de-Marne), où ils sont inhumés, dans « un caveau à décomposition accélérée » (pour pouvoir récupérer celui-ci après cinq ans). Selon Cécile Rocca, « les SDF se voient déjà comme des morts-vivants, ils sont confortés dans cette idée quand ils voient comment on traite leur copain mort ».
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