Généraliste à La Croix-Saint-Ouen (Oise), Françoise Courtalhac est confinée chez elle depuis vendredi. Pour cette médecin et ses trois associées, tout est allé très vite. Mercredi dernier, le Dr Courtalhac reçoit un appel de Santé publique France. L’agence cherche à joindre l’une de ses collègues du cabinet de groupe qui a ausculté quelques jours auparavant un patient qui s'est depuis révélé porteur du coronavirus. Le Dr Courtalhac prévient sa consœur absente, qui se fait dépister.
Le jeudi matin, le Dr Courtalhac et ses deux autres consœurs ont encore autorisation de consulter. « On a pris des précautions en mettant des vieux masques », précise le Dr Courtalhac. « Il me restait un petit sachet que j’avais failli jeter il y a trois mois, en me disant "il a des trucs qu'on garde, on ne sait pas pourquoi", s’amuse la médecin généraliste. C’est toujours mieux que rien. » Par précaution les omnipraticiennes invitent également les patients à attendre leur consultation dans leur voiture.
Le jeudi soir, le Dr Courtalhac apprend que sa consœur, qui séjourne à Nantes, a été testée positive au coronavirus. Le lendemain matin, Santé publique France demande au Dr Courtalhac et ses collègues de se confiner et de ne plus travailler jusqu’au samedi 7 mars. « Les 14 jours d'isolement ont été calculés en fonction de la date probable du début de maladie de notre associée », explique la médecin de famille. En plus de sa consœur atteinte du coronavirus, une autre de ses associées a été en contact avec des patients contaminés.
« Pas simple de retourner au cabinet »
À Vannes (Morbihan), le Dr Sébatien Thos a lui aussi été temporairement confiné. Avant que l'ARS ne l'appelle pour « lever sa quarantaine devenue inutile », relatait lundi Le Parisien. Bien qu'asymptomatique, le Dr Courtalhac n'avait reçu mercredi aucune consigne lui indiquant qu'elle pouvait retourner au cabinet, mais s'attendait à en recevoir. Cela n'impliquerait toutefois pas un retour immédiat au cabinet. « On commence à aller mieux mentalement, dit le Dr Courtalhac. Le temps passe, aucune de nous n’a de symptômes, on a des nouvelles rassurantes de notre associée ». « Mais ce n’est pas si simple que ça quand vous avez vécu l’annonce brutale et le confinement radical de se dire : "je peux retourner au cabinet, je ne prends pas de risques pour mes patients", souligne la médecin. Surtout qu’on est dans un village où il y a quatre cas (deux cas sûrs, deux autres en cours de dépistage, ndlr) pour 4 000 habitants. »
« Il y a les directives officielles et il y a le vécu », fait valoir le Dr Courtalhac, qui préfère donc rester prudente et attendre la date de fin de confinement pour ne pas risquer de contaminer des patients. « Nous reprendrons probablement lundi, sauf si la situation évolue », indique-t-elle. Pour l'heure, la mise en quarantaine des quatre associées ne pénalise pas trop la population du secteur, selon la généraliste. Et ce grâce à la « belle solidarité » des professionnels de santé locaux. « Nous sommes en contact avec certains patients par téléphone, j’ai également essayé de faire des téléconsultations. Et puis nous sommes en contact avec les pharmacies qui renouvellent les traitements de nos patients chroniques sachant qu’on les verra un peu plus tard », confie-t-elle.
Des changements de consignes déroutants
En attendant de retrouver son cabinet, le Dr Courtalhac prend son mal en patience. Membre du conseil d'administration de la FMF, vice-présidente de l'Ordre départemental et de l'URPS-ML Hauts-de-France, la médecin de famille n'a pas de quoi s'ennuyer. « Je participe à des réunions téléphoniques, j’envoie des mails, je suis sollicitée par des collègues… J’échange également avec mes associées. Elles sont beaucoup plus isolées que moi et mentalement, c'est peut-être plus compliqué pour elles que pour moi ». D'autant que les changements successifs de consignes pour des médecins de terrain n'ayant pas d'activités ordinales et syndicales.
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