«KOUCHNER, on a les nerfs, le privé veut l'égalité » : environ 300 salariés des cliniques, venus pour la plupart de la région Centre, ont bravé la pluie dans les rues de Paris, pour exprimer leur « ras-le-bol » face aux mesures gouvernementales en matière de politique de santé qu'ils jugent « intolérables ». Leurs revendications portent sur le prix de journée imposé aux cliniques. Ils souhaitent qu'il soit augmenté de 10 % au lieu des 3,48 % convenu dans l'accord signé le 4 avril entre le gouvernement et les fédérations patronales.
Derrière ce souci partagé avec la direction des établissements, les salariés présents, venus de Tours, de Bourges, de Vendôme, de Sens, de Châteauroux ou d'Orléans, réclament surtout que leur rémunération soit la même que leurs collègues du secteur public. « Le 1er mars 2001, Elisabeth Guigou a débloqué 2 milliards de francs pour les infirmières du secteur public ; à l'inverse, rien n'est fait pour le privé. Le fossé se creuse de plus en plus. Exemple : en fin de carrière, une infirmière du public gagne 4 000 F de plus qu'une infirmière du privé, et 1 800 F de plus pour une aide-soignante du public », détaille un tract distribué par les manifestants.
« Avec quinze ans d'ancienneté, je gagne l'équivalent de 8 500 F à temps plein, raconte Frédérique Rigaud, membre du bureau de la Coordination des salariés de la santé privée, créée il y a quinze jours au sein du personnel des sept cliniques de Tours. Chez nous, une aide-soignante qui a vingt-cinq ans d'ancienneté gagne 6 400 F, ce n'est pas normal ! Nous gagnerions 20 % de plus à l'hôpital. »
A ses yeux, c'est le gouvernement qui est le premier responsable, parce qu'il « étrangle » les cliniques, et non les directeurs d'établissement. « Ils sont avec nous », dit à leur sujet Frédérique Rigaud. Pour elle, le protocole d'accord sur l'objectif quantifié national (OQN) signé entre les fédérations de cliniques et le gouvernement le 4 avril « ne changera rien sur les salaires ».
Vers un mouvement national ?
En désaccord complet avec ce mouvement, les syndicats ont un avis très différent sur la question des responsabilités. « Les chambres patronales ont reçu pour la première fois, en même temps que l'OQN, une enveloppe sépciale pour les salaires et les mesures sociales, explique la CFDT. Ils ont proposé au mieux 3 % d'augmentation des salaires, autant dire rien ! » Ce syndicat, qui lance avec FO et la CGT un appel commun pour une action nationale le 18 avril, prône une augmentation globale de toutes les catégories de personnels des cliniques de 9 % en moyenne.
« Je comprends les revendications de ces salariés, affirme de son côté Alain Coulomb, délégué général de l'Union hospitalière privée (UHP), l'un des signataires de l'accord du 4 avril. Nous ne pouvons qu'être attentifs, car ce mouvement de coordination n'est pas né sans raison. Mais la vie sociale se structure autour d'institutions qui négocient les conventions collectives Et ces institutions, ce sont les syndicats », souligne-t-il, tout en notant que cette initiative née d'une coordination « a pour premier effet de durcir la position des représentants traditionnels ».
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