L 'ACCORD sur les tarifs des cliniques signé le 4 avril entre le gouvernement et les organisations professionnelles, qui prévoit une hausse de 2,3 % et une enveloppe complémentaire de 600 millions, va-t-il résoudre le problème de la rémunération du personnel ? Va-t-il, par là même, mettre fin à un climat social très tendu ? Rien n'est moins sûr.
Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité a beau affirmer qu'il « permet le financement des augmentations de salaires des différentes catégories de personnel des établissements de santé privés », les trois fédérations représentant les établissements ne veulent pas se bercer d'illusions.
« D'un côté, on sait qu'il y a un différentiel de 20 % entre les salaires du privé et du public, explique le Dr Max Ponseillé, président de la Fédération intersyndicale des établissements d'hospitalisation privée (FIEHP). Quand on sait que la masse salariale est de 50 % dans nos établissements, cela veut dire qu'il faudrait 10 % de plus en dotation.
« De l'autre côté, ce qu'accorde le gouvernement paraît bien faible. La quasi-totalité des enveloppes ciblées porte sur des problèmes médicaux (les mesures sanitaires sur le prion, l'obstétrique, les soins de suites, etc.) et non sociaux. » Pour le Dr Ponseillé, la marge de manœuvre paraît donc « excessivement réduite ». « L'effort que nous comptons faire en faveur du personnel sera plus dû à une volonté forte de notre part qu'à une contribution réelle du gouvernement », fait-il remarquer, en regrettant que la prise en charge du problème social n'ait pas été plus large cette année.
De son côté, Alain Coulomb, délégué général de l'Union hospitalière privée (UHP), estime que les augmentations accordées par le gouvernement « permettent d'amorcer le rattrapage des différences de salaires entre le secteur privé et le secteur public ». A condition, ajoute-t-il, que, par ailleurs, le gouvernement ne donne pas un coup de pouce supplémentaire aux hôpitaux, ce qui contribuerait à maintenir le même écart dans les rémunérations des personnels.
La Fédération des établissements d'hospitalisation et d'assistance privés (FEHAP) qui regroupe les hôpitaux privés sans but lucratif juge que cet accord « ne permet pas de financer le volet social, problème pourtant urgent et d'avenir ».
Négociations salariales
Lors d'une réunion de négociation qui s'était tenue le 3 avril, la FIEHP avait proposé une augmentation de 1 % à son personnel à partir du 1er mai, ainsi que des mesures ciblées sur certaines professions. Deux jours après, c'est-à-dire après la signature de l'accord tarifaire avec le gouvernement, l'Union hospitalière privée (UHP) avait proposé, selon la CFDT, 3 % d'augmentation globale, avec des mesures spécifiques pour les infirmières, les cadres et les sages-femmes. « Tout cela est insuffisant et nous souhaitons une revalorisation globale des salaires, pas seulement pour certaines catégories », réagit la CFDT.
Les salariés des établissements privés devront patienter encore quelques jours pour connaître les propositions du patronat. Le mercredi 11 avril aura lieu un conseil d'administration commun à la FIEHP et à l'UHP, qui abordera la question.
Pour les négociations qui suivront, la FIEHP a pris rendez-vous avec les syndicats le 19 avril, l'UHP, le lendemain. Afin d'afficher au préalable leur détermination, les syndicats comptent lancer une action le 18 avril.
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