Carte blanche au SML
L ES deux premières phases des élections municipales viennent de se terminer, et le troisième tour sera consacré à l'élection des maires.
Ce scrutin intéresse également les médecins, car les maires font partie du conseil d'administration de l'hôpital de leur commune et, à ce titre, influent sur les dépenses de santé.
En effet, le secteur hospitalier représente un peu plus de la moitié des dépenses de santé, et même si depuis peu il existe une volonté de reconsidérer les besoins en lits hospitaliers, on est encore loin d'une juste répartition de l'offre et des besoins.
Prix de journée trop faible
Compte tenu du surdimensionnement de l'offre hospitalière publique, la pression financière exercée sur les cliniques privées devient intolérable, voire catastrophique pour certaines. Les prix de journée concédés aux établissements privés, dits à but lucratif, sont trop faibles et mettent en péril nombre d'entre eux. Par ailleurs, la quasi-totalité de ces établissements ne peuvent offrir à leur personnel soignant les salaires que leur accordent les hôpitaux, ce qui crée une disparité importante et une fuite de personnel qualifié du privé vers le public.
Je ne sais pas si Machiavel est à l'origine de ce scénario, mais il faut admettre qu'il pourrait se révéler terriblement efficace :
il y a trop de lits d'hospitalisation dans notre pays,
l'hôpital manquait et manque de personnel qualifié,
les cliniques privées exercent une forte concurrence sur le public,
il suffit donc d'attribuer plus de crédits à l'hôpital, avec éventuelles rallonges, et de restreindre parallèlement l'évolution des prix de journée pour les établissements privés,
le personnel passera ainsi du privé au public ; les capacités de soins et de suivi des patients diminuant, la concurrence se fera moins pesante.
Point besoin de fermer des hôpitaux, les cliniques fermeront toutes seules.
Respecter la complémentarité public-privé
Il faut à tout prix, tant pour les patients que pour les médecins et pour le personnel soignant, que la complémentarité entre le public et le privé soit respectée et se fasse dans de bonnes conditions. Or, ce n'est plus le cas. Pour ce qui est des médecins, surtout ceux qui exercent dans les établissements publics, il s'agit de la sauvegarde de leur outil de travail et c'est capital. Nous ne pouvons pas rester insensibles à cette dégradation des conditions financières des établissements privés sans réagir. Car l'abaissement de leurs capacités financières entraînerait très vite une dégradation de l'accueil et du suivi des patients. Or nos concitoyens sont de plus en plus attentifs à ces services, et à juste titre.
De plus en plus, le malade attend une écoute et une prise en compte de ses besoins lorsqu'il est en état de dépendance morale et/ou physique.
Pour répondre à ses demandes, nous avons besoin de personnel, toujours dévoué, mais aussi normalement rémunéré et sans distorsion importante avec l'hôpital.
J'ai entendu par-ci, par-là : les médecins n'ont qu'à augmenter leur reversement à la clinique pour sauver leur outil de travail. C'est oublier un peu vite que les cliniques ne peuvent et ne doivent facturer que les services effectivement rendus et que la rémunération des actes médicaux n'a pas bougé depuis 1994 ! (quand elle n'a pas baissé, du fait des lettres clés flottantes).
Il est donc grand temps d'abandonner la politique actuelle de maîtrise comptable et de s'orienter vers une politique d'appréciation et de quantification des besoins sanitaires tant au niveau national que régional.
Il est aussi grand temps de mettre en place une véritable politique d'optimisation des dépenses de l'assurance-maladie, tant en médecine de ville qu'en milieu hospitalier public ou privé. Il est grand temps de respecter les établissements privés et de faire jouer une saine concurrence au niveau des prix.
Il est grand temps de rémunérer à leur juste valeur les prestations pertinentes et efficientes offertes par tous les professionnels de santé, faute de quoi il y aura des dégâts humains autrement plus nombreux et importants que ceux qui touchent actuellement cruellement la chaîne alimentaire.
Syndicat des médecins libéraux, 83, route de Grigny, 91136 Ris Orangis Cedex. Tél. 01.69.02.16.50 - Fax 01.69.06.96.50.
E-mail : sml@gie-sml.fr - Site Internet : http://www.gie-sml.fr
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