PRATIQUE
Identifier la réalité de la demande
Il est indispensable, et cela dès la première consultation, de bien identifier la réalité de la demande et son côté personnel, comme celui de la réalité des déformations incriminées. Il est formellement déconseillé d'accepter des interventions pour des raisons de mode, de demandes influencées par une tierce personne et plus encore des souhaits fantaisistes de ressembler à telle ou telle vedette du show-biz.
Cependant, devant des déformations réelles, qui peuvent être améliorées par des actes bien codifiés, courants, habituels, une réponse favorable doit être donnée à ces jeunes, profondément motivés et exposés à des désarrois faciles à comprendre.
Prendre le temps d'expliquer
Le chirurgien, en contact permanent avec le médecin du patient, doit prendre tout le temps nécessaire pour expliquer au jeune demandeur ses possibilités et, ce, de préférence (et avec l'accord de ce dernier) en présence d'un adulte responsable.
Des précautions spécifiques, autres que celles psychologiques, dont l'importance est capitale, doivent être prises chez ces patients, souvent très fragiles, et tout particulièrement au sujet des éventuelles séquelles cicatricielles. Il ne faut pas entraîner ici le transfert d'une fixation sur une déformation réelle, sur une autre, créée par l'acte chirurgical.
Les interventions chez les jeunes filles ayant grandi précocement s'apparentent souvent, avec les nuances précitées, à celles des adultes.
Le nez
La chirurgie remodelante des grands nez peut être entreprise dès 13-14 ans, lorsque la taille et l'aspect de la patiente, et surtout son environnement culturel, le permettent. Des précautions seront prises concernant la qualité de la peau. L'aide des dermatologues est ici indispensable chez les sujets acnéiques ou à peau grasse. Des réserves sont faites quant à une possible retouche à la fin de la croissance de la pyramide nasale qui se situe autour de l'âge de 18 ans. La correction d'une rétrogénie (menton fuyant), comme d'éventuels doubles mentons, souvent d'origine familiale, est facilement réalisable dans le même temps opératoire.
Déformations de la silhouette
Les déformations de la silhouette comme les augmentations de volume graisseux des cuisses, de l'abdomen, des hanches, des doubles mentons, peuvent être très nettement améliorées par la lipoaspiration. L'importante élasticité de la peau des sujets jeunes est un facteur très favorable à l'obtention de résultats parfois inespérés. Toute autre est la situation des sujets franchement obèses et présentant d'importantes distensions cutanées, accompagnées très souvent de vergetures irréversibles. Chez eux, des dermolipectomies abdominales, de type classique, peuvent être envisagées. Dans tous ces cas, rien ne sera entrepris sans l'accord ou les conseils d'un nutritionniste averti.
Hypertrophie mammaire
La chirurgie de réduction des importantes hypertrophies mammaires peut et doit être entreprise dès l'âge de 14-16 ans, l'énorme handicap de certaines gigantomasties laissant place au bénéfice psychologique considérable de la correction chirurgicale. Au contraire, dans les cas plus modérés, il faut tout faire pour temporiser au maximum, car les séquelles cicatricielles sont souvent très importantes et sans commune mesure avec l'éventuel bénéfice morphologique.
Chirurgie d'augmentation mammaire
La chirurgie d'augmentation mammaire est demandée de plus en plus tôt. Il est de plus en plus fréquent d'opérer des jeunes filles de 16-17 ans, de grande taille, à la silhouette harmonieuse et manquant de poitrine. Les satisfactions des patientes, si handicapées auparavant par rapport aux autres jeunes filles du même âge, sont très évidentes. Comme précédemment, tous les aspects des innombrables problèmes évoqués : volume, sensibilité des mamelons, possibilités d'allaitement, etc. doivent être longuement évoqués avant l'intervention.
Seins tubéreux
Les seins tubéreux, particulièrement handicapants chez la jeune fille, entrent dans la catégorie de déformations dont la correction peut être envisagée très tôt.
Mamelons ombiliqués
La correction des mamelons ombiliqués, parfaitement mise au point depuis deux décennies, se pratique fréquemment chez les adolescentes motivées.
Les garçons au grand nez
Les jeunes garçons présentant un grand nez (rhinomégalie) seront reçus et conseillés de la même façon que les filles. Ces complexes morphologiques bien compréhensibles peuvent s'associer, plus que chez les filles, à des gênes respiratoires dues à des déviations du nez et surtout de la cloison nasale, parfois post-traumatique, avec toute la kyrielle de phénomènes infectieux à répétition de tout l'arbre respiratoire. La correction esthétique doit s'accompagner obligatoirement de celle fonctionnelle, et cela après la guérison, par un ORL ou un pneumologue compétent, des infections latentes éventuelles. Comme chez les filles, la bonne qualité de la peau est un facteur non négligeable de réussite de l'intervention. Ici aussi, des retouches, à la fin de la croissance, sont possibles.
Dépôts graisseux, gynécomastie
Les dépôts graisseux abdominaux, des flancs ou des doubles mentons, sont assez facilement corrigés par la lipoaspiration. Les déformations les plus fréquentes de la silhouette des jeunes garçons, et dont la demande de correction a triplé ces six dernières années aux Etats-Unis, sont les gynécomasties. Il s'agit le plus souvent d'adipomasties pures en rapport avec certains dérèglements alimentaires et aussi, assez souvent, corrélées aux diverses toxicomanies. L'intervention ne sera pratiquée qu'en cas de persistance des déformations, après l'élimination prolongée des facteurs déclenchants. Les gynécomasties glandulaires pures, beaucoup plus rares, seront opérées après l'établissement d'un bilan biologique négatif, par un endocrinologue compétent.
Phénomène de société
Comme l'utilisation de produits de beauté, la chirurgie esthétique est devenue, chez les adolescents, un véritable phénomène de société. L'énorme accroissement de la demande doit être pris en compte avec pondération, dans une parfaite entente avec les intéressés et leur entourage. Les résultats n'en seront que meilleurs pour le bien-être de celles ou de ceux qui en souffrent tant.
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